Depuis ses tous premiers courts-métrages, Le réalisateur espagnole Nacho Vigalondo est un habitué du film "high-concept" porté par une idée directrice forte.

Quand cela fonctionne, comme dans ses très bons 7:35 de la mañana ou Timecrimes, ces dispositifs narratifs originaux représentent la véritable ossature du film et offrent au metteur en scène des terrains de jeu aux possibilités illimitées.

Quand cela fonctionne moins bien, comme dans le soporifique Extraterrestre, le procédé handicape le déroulement du film et apparaît même comme une fioriture superflue.

Enfin, quand cela ne fonctionne pas du tout, comme dans Open Windows, le gimmick est si omniprésent, si balourd, qu'il plombe totalement l'entreprise.

Car, si dans son dernier film Vigalondo cherche clairement à rendre hommage au Fenêtre sur cour d'Alfred Hitchcock, il semble avoir oublié que le film du maître racontait avant tout une histoire passionnante et était habité par des personnages soigneusement composés. Ainsi, même si Open Windows est un film généreux et ludique contenant bon nombre de très bonnes idées formelles, il ne parvient jamais véritablement à engager le spectateur dans son histoire d'une platitude effarante, artificiellement gonflée par des rebondissements tous plus improbables et tirés par les cheveux les uns que les autres.

Ici, on a clairement l'impression que le réalisateur, conscient du coté simpliste de son idée, cherche à empiler les twists maladroits et les circonvolutions scénaristiques lourdingues afin de détourner notre attention. Le résultat est une succession épuisante de retournements de situation sans intérêt, tentant inlassablement de relancer une mince intrigue ayant plus sa place dans un court que dans un long métrage.

Alors que nous venons de connaitre le consternant "Fappening", l'idée de proposer un film s'appuyant entièrement sur nos technologies de communications modernes, afin de tenir un discours sur la violation de la vie privé et sur la toute puissance de l’électronique, était séduisante. Malheureusement, Open Windows tourne à vide et apparaît comme un beau gâchis. Aussi malin dans la forme que bêta dans le fond, il ne parvient jamais engager le spectateur, épuisé par une surenchère technologico-nawak (Dr No, sors de ce corps) cachant maladroitement un grand rien de 100 minutes.

Open Windows de Nacho Vigalondo - 2014 - France, Espagne, États-Unis - Thriller
Avec Elijah Wood, Sasha Grey, Neil Maskell

Prochaine projection durant l’Étrange Festival 2014 : JEUDI 11 SEPTEMBRE - 18H15
GillesDaCosta
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le 5 sept. 2014

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