Ce dernier épisode de la trilogie centrée autour du commissaire Betti est, à l’image de ses prédécesseurs, plutôt efficace. Contrairement à d’autres films du genre, cette saga s’articule et fonctionne uniquement autour de son personnage principal. Partout où qu’il aille (le voici du côté de Turin cette fois), c’est le même désordre, le même chaos et la même violence. À croire, bien évidemment, qu’il n’est lui-même pas étranger à tout ce fatras. Notre commissaire Betti en voit, d’ailleurs, de toutes les couleurs dans cet ultime opus : le voilà au cœur d’une prise d’otage dans une banque, le voici qui manque de se faire tueur, là il s’offre lui-même comme otage, ici à l’hôpital, là-bas en prison. Cela fait beaucoup en 1h37 chrono mais les invraisemblances de ce type importent peu. Ce qui compte dans ce type de récit, c’est l’action et l’atmosphère générale de l’époque. Or, dès les premières minutes, nous sommes dans le bain : un braquage de banque et le détournement d’un bus pour enfants donnent le ton. Voilà deux des principales armes utilisées par les gangsters de l’époque pour se remplir les poches. Et le commissaire Betti, bien entendu, n’aime pas qu’on s’attaque à des personnes sans défense. Dès lors, il va s’employer à terroriser à son tour ses auteurs.
Le récit, disons-le tout net, est assez confus. Il veut balayer beaucoup de sujets mais l’articulation est terriblement tirée par les cheveux. On comprend très vite, comme lors du premier épisode, que le réalisateur veut empiler les scènes d’action. De ce côté-là, l’objectif est aisément atteint même si on pourra être déçu par la résolution finale qui n’est peut-être pas tout à fait à la hauteur de ce que le film nous a montré. Il n’empêche, on trouve de chouettes courses-poursuites en voitures, une belle empoignade sur les toits de la ville et quelques fusillades efficaces. Rien de nouveau, certes, mais l’ensemble est exécuté avec un certain professionnalisme. Le tout est, en outre, porté par la partition musclée de Franco Micalizzi qui donne un certain rythme à certaines séquences. Par ailleurs, Maurizio Merli a désormais son rôle bien en main. Il l’interprète sans nuance mais avec une jolie présence à l’écran, d’autant plus convaincant qu’on le voit lui-même exécuter quelques cascades sympathiques. Il est, enfin, entouré par un casting très solide, John Saxon en tête en antagoniste perfide.
Dommage que le scénario soit si lâche et que certains développements aillent à l’encontre du bon sens. Maurizio Merli n’est jamais aussi peu à son aise quand il joue les jolis cœurs. Or on lui offre plusieurs occasions de roucouler maladroitement avec la délicieuse Mirella D’Angelo qui, manifestement, réagit plutôt positivement après la mort de son enfant. Un pas de côté totalement inutile qui envoie le film dans le grotesque à plusieurs reprises, les deux personnages ne semblant absolument prêts à vivre une idylle. Au crédit de cet opus, malgré tout, sympathique, son titre original, maintes fois réutilisé depuis pour traduire ce mouvement italien du cinéma des années 1970.