"Pourquoi ?" Je me pose souvent cette question, comme lorsque je mange des frites sans mayonnaise ou quand sous la douche je me mets du savon dans les yeux. En prenant mon billet, j'étais conscient de faire une erreur, mais je voulais avoir tort en me disant que la vie réserve parfois des surprises, mais pas le cinéma de ce déprimant mois de novembre.


Il ne m'a pas fallu beaucoup de temps pour me rendre compte que j'étais pris au piège. Dès l'apparition du logo d'EuropaCorp, je savais que cela n'allait pas bien se passer. La société de production et distribution de Luc Besson est une machine à fabriquer des navets. Précédemment, je me suis infligé Malavita, 3 days to kill et Lucy. Car Luc ne produit pas seulement des daubes, il en réalise aussi et le pire, c'est que cela lui rapporte de la thune, ce monde ne tourne vraiment pas rond.


En 2012, le scénario était parmi les meilleurs dans la Blacklist. C'est ce qui est le plus flippant avec ce film, après il est possible qu'il ai subi un remaniement et qu'en confiant la réalisation à l'inconnu pas douer Farren Blackburn, cela n'a pas permis de rendre honneur à l'écriture d'une autre inconnue Christina Hodson. C'est bien de donner leur chance à de nouvelles personnes, mais ce serait mieux s'ils avaient une once de talent.


Ce fameux scénario est très simple : Mary Portman (Naomi Watts) vient de perdre son mari dans un accident de voiture dont son beau-fils Stephen (Charlie Heaton) en est sorti paraplégique. Six mois plus tard, elle s'occupe de lui dans sa belle demeure au cœur du Maine où elle exerce aussi son métier de pédopsychiatre. Elle suit le jeune Tom (Jacob Tremblay), qui a un comportement violent mais dont elle s'est attachée. Il va fuir son orphelinat et se rendre chez elle. Mais de peur de se retrouver à nouveau dans un autre foyer, il s'enfuit encore. Mary va rêver de lui, ou est-il vraiment là ? Devient-elle folle ou son fantôme erre dans ses murs ? A-t'elle une seule chaîne de télévision diffusant la météo et parfois un document sur les requins ? Le placement de produit est-il de moins en moins subtil dans les productions EuropaCorp ?


Bref, on se pose trop de questions durant ce navet jamais oppressant. On nous propose quelques jump scare, en poussant le volume à un très haut niveau pour nous sortir de l'ennui et frissonner devant un raton-laveur. On aura aussi droit à un twist oscillant entre le ridicule, le risible ou le pathétique. On va penser à Shining car je l'ai vu récemment, mais surtout qu'une demeure isolée avec de la neige partout, une femme et un enfant tentant de fuir un psychopathe défonçant une porte avec un marteau (on remplace la hache pour se démarquer), en marchant à l'envers dans la poudreuse, alors qu'un homme arrive à leur rescousse, ça ressemble quand même un peu, beaucoup et fortement au classique de Stanley Kubrick.


C'est tellement mauvais, que je me surprends à rire nerveusement et pire encore, à vouloir quitter la salle. Un sentiment assez rare, tant je garde en moi un léger espoir d'être surpris par un final renversant. Point de suspense, cela ne sera pas le cas et on peut aisément croire en un Oppression 2 : le retour du descendant de Jason Voorhees. Ni la tentative de drame ne fonctionne, encore moins celle d'instaurer une ambiance étouffante et donc oppressante, où encore un léger côté fantastique, voir thriller au sein de ce huis-clos catastrophique. On fera l'impasse sur la qualité du casting, aussi épatant que la réalisation, le scénario et la tempête de neige qui ne se fera pas ressentir, mais coupera tout de même les lignes téléphoniques fixes et portables, sinon ce n'est pas drôle.


Un navet pouvant aisément concourir aux razzies awards et avait toutes les qualités pour être un DTV. Malheureusement, la machine EuropaCorp était à la manœuvre et a pu sortir ça sur des écrans de cinéma. Pas le temps pour les regrets, ce film fait déjà parti du passé.

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le 30 nov. 2016

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Laurent Doe

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