Il y a de ces films dont le potentiel esthétique s’éprouve dès les premières minutes, où le début annonce une œuvre bouleversante qui semble esquisser une mise en scène cohérente avec ses idées. C’est ce que j’ai ressenti avec Oskar et Lily : cette camera volatile, qui se faufile derrière les rideaux, s’imprègne étroitement de l’action, puis s’envole au-dessus des appartements. L’amorce est réussie et annonce l’expectative poésie du métrage.

Et de la poésie, il y en a. Entre les motifs physionomistes, les émotions qui s’avivent par les décors, les plans lunaires : Oskar et Lily fourmille d’idée visuelles léchées et fait preuve d’un travail méticuleux du cadre administrant au film cette durable mélancolie.

Puis l’euphorie s’évapore, la surprise s’estompe et les défauts se révèlent. Car aussi beau que soit le film, sa vacuité et son incapacité à exhiber totalement cette sensibilité tributaire de ses thématiques dénotent un manque de profondeur. Pourtant, des récurrences intéressantes émergent comme celle où les enfants s’entrevoient quelques fois derrières des vitres reflétant l’extérieur, désignant cette fracture entre le monde et leur actuelle posture.

Le récit reste constamment en surface. Les tribulations des enfants sont certes déchirantes mais demeurent inexploitées. Leurs opinions divergent : la fille est est passive, le garçon actif. Et soit leur mal-être manque de consistance pour pouvoir s’en imprégner, soit leurs actions trahissent une cohérence établie qui se voudrait tragique. Je pense surtout à Oskar, beaucoup trop débrouillard pour un enfant de son âge.

Mais je suis mauvaise langue. Même si l’attitude d’Oskar me gêne personnellement, son ingéniosité et son empathie constituent sa personnalité. La relation qu’il entretient avec la grand-mère est suffisamment touchante pour se laisser attendrir et ce rapport à la mort comme acte libérateur est joliment traité. Quant à Lily, sa nouvelle amitié a le mérite de dénoncer un aspect problématique du pays, même s’il est rapidement expédié.

Oskar et Lily s’avère donc sympathique, quand bien même il aurait pu être meilleur. L’esthétique du film est séduisante, travaillée mais manque peut-être de substance pour se révéler davantage pertinente.

YohannBriand
6
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le 23 juil. 2022

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Yohann Briand

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