Vanda avant Duarte...

Avant le choc esthétique et conceptuel retentissant que constitue l'incroyable Dans la chambre de Vanda Pedro Costa tourna ce film hybride et pour le moins déroutant répondant au nom de Ossos ; un film de portée documentaire moindre que ceux qui lui succèderont, nourri de quelques enjeux à la fois simples et tacites, témoignage du refus de toute forme de démonstration fictionnelle - quelle qu'elle soit - de la part du réalisateur portugais.

Si les films suivants du cinéaste fascineront davantage au travers de leur dispositif de mise en scène souvent proche de l'installation ou de la saynète (éventuel morceau de vie perdu entre deux autres de ses homologues) Ossos bénéficie pour sa part d'un souffle fictif et narratif beaucoup plus classique - ou du moins plus conventionnel : c'est là sa petite force et son plus gros point faible dans le même temps. Plongée immersive dans les ghettos lisboètes et leur misère intrinsèque Ossos offre ici à l'emblématique Vanda Duarte sa première apparition dans le cinéma vériste et docu-fictif de Pedro Costa, la jeune femme incarnant pour l'occasion un rôle différent de celui qu'elle représente à la ville. Miséreuse, arborant un visage pétri d'aspérités et de fait purement ciné-génique Vanda Clotilde Duarte se rapproche à sa manière du modèle bressonien, le cinéaste ibérique parvenant à jouer d'une économie de moyens n'étant pas sans rappeler celle du célèbre metteur en ordre.

Hélas le film - s'il évite admirablement le remplissage formel - n'en demeure pas moins ennuyeux à suivre, sans doute par son manque de contrastes et de radicalité dommageables au regard de l'Oeuvre à venir du réalisateur. A la fois trop narratif et pas assez contemplatif Ossos ne réussit pas à captiver en dépit de sa somptueuse photographie et de la force de son sujet original, égaré dans un entre-deux portant néanmoins en germe les splendeurs futures de son Cinéma. A voir, mais peut-être pas à revoir...