A la fois brûlot politique et film d'action fiévreux, brutal et polémique, le diptyque Troupe d'Elite avait durablement marqué les esprits et inscrit son réalisateur, Jose Padilha, parmi les mecs à suivre. Malheureusement, depuis qu'il a quitté son Brésil natal pour Hollywood, le pauvre bougre a perdu de son mordant.
J'attendais vraiment Otages à Entebbe au tournant. D'abord parce que je connais "bien" l'histoire originale, absolument hallucinante, et ensuite, parce que j'attendais de Padilha qu'il ne fasse pas de prisonniers et nous livre un nouveau film choc, quelque part entre le Munich de Spielberg et son Troupe d'Elite. Malheureusement, comme on avait déjà pu le constater en regardant Narcos ou Robocop, à trop américaniser son propos, Padilha en devient trop consensuel, tant sur la forme que sur le fond.
Si on ne peut que saluer son désir de ne pas prendre parti et de chercher à comprendre toutes les forces en présence en multipliant les points de vue, il ne faut pas oublier qu'on a d'un côté des terroristes et de l'autre des militaires et des hommes politiques avec tout ce que cela implique de duplicité.
Autre élément gênant, les Palestiniens tout comme les otages Juifs mais non Israéliens, sont quasiment absents de l'équation, Padilha laissant la part belle à Yitzahk Rabin et Shimon Peres, au pilote d'Air France campé par un très bon Denis Ménochet et surtout, aux deux terroristes allemands d'extrême gauche dont les certitudes s'effritent au fur et à mesure qu'ils prennent conscience de l'incohérence d'un combat qui n'est pas vraiment le leur comme le leur fait très justement remarquer l'un des terroristes palestiniens. Interprétés par Rosamund Pike et Daniel Bruhl, les deux Allemands sont pour ainsi dire les principaux personnages du film et sans doute les mieux écrits.
Rabin, pourtant campé par l'excellent Lior Ashkenazi, manque cruellement d'épaisseur, se contentant d'ânonner un message pacifiste très consensuel et un rien anachronique 20 ans avant les accords d'Oslo dont il a été l'un des fers de lance.
Mais c'est dans ses scènes d'action qu'Otages à Entebbe pêche le plus. Paresseuse, lente et brouillonne, la scène de l'assaut, monté parallèlement à une chorégraphie de danse contemporaine, fait pschitt, évoquant plus une reconstitution de Faites entrer l'accusé que le dernier film du réalisateur sud-américain le plus brillant de sa génération. Dommage.