On finit tous par en sortir, à la fin se profile toujours une lumière pour nous éclairer sur les ténèbres qui viennent de nous traverser.


Après avoir lu toutes les critiques sur ce site pour comprendre ce que j'avais manqué je me rends compte que ce sont surtout les autres qui n'ont pas compris grand chose.


Et pourtant ils ont aimé.


"La photographie est belle", "on erre dans Paris", "j'aime bien Jean Pierre-Léaud", c'est bien mais de quoi il parle le film ? "Au fond il n'y a rien, il n'y a pas d'évolution dans l'intrigue ou les personnages"


Et pourtant ils ont aimé.


Moi j'ai détesté, je vais vous expliquer alors que je suis le seul à avoir compris le sens du film


("non en fait il fallait se laisser porter par Paris et ses artistes de la vie, tu n'as pas compris l'existence du film et le film de l'existence" non mais ferme là).


Et pourtant ils ont aimé.


En gros on va suivre des une troupe de théâtre faire des "performances artistiques" autour de différents récits de l'antiquité, pendant qu'une femme vole des hommes dans des bars et un sourd muet demande des pièces à des gens de la ville.


Tout est étiré au maximum, une longue ligne qui fait une boucle sur elle même, un tour de la planète sans jamais s'être arrêté une seule fois : on voit les paysages, les contours de loin sans jamais être rentré au profondeur, et surtout ca aura pris beaucoup trop de temps pour rester dans le flou. Dans le brouillard, on ne s'attache à rien ni personne.


Le film n'est qu'errement à l'instar du Tango de Satan : dans les deux films il y a un propos qui se remarque par l'expression des différents personnages et leurs réactions entre eux, mais à chaque fois c'est trop peu pour remplir un film aussi long.


L'expérimentation de la longueur ne justifie pas le fait que ce soit si léger : le film n'a pas décollé sans moi, encore à l'état gazeux d'esprit d'idées, il n'a pas réussi à se matérialiser à mes pieds et me laisser entrer en lui pour ensuite voir le monde qu'il le tentait.


Ce qui est marrant c'est que ca parle de plein de trucs :


- l'homosexualité avec l'ami de Frédérique quand simplement on remarque qu'il l'aime bien coiffé en garçon

- comment les hommes réagissent face à une séductrice même d'un rang le plus inférieur qui soit

- le théâtre évidemment, avec non seulement la découverte de soi et de l'art mais aussi l'évolution des relations par ces expérimentations (tout ce qui se fait dans le dos, dans l'ombre aussi). Comment ils montrent ce qu'ils deviennent ou veulent être et avoir dans leurs performances.

- la révolution sociale par un petit groupe caché à chaque fois qui se débrouille

- le sentiment révolutionnaire qui nait d'intentions nobles

- la place du chef d'un groupe peu importe lequel, de la subtilité entre jouer les amis pour garder sa place et jouer les autoritaires pour avancer le projet

- la place du savoir dans l'humanité, comment les dieux et les aristocrates le gardent pour eux pour préserver leur supériorité sur les basses classes

- la révélation d'un monde que l'on ne soupçonnait par la perception de la réalité que l'on avait et, de ce fait, celle d'une partie de sa personnalité qui était enfouie par inutilisation dans son cadre actuel.

- l'utilisation de fantômes pour des opérations secrètes (Jean Pierre Léaud)

- les scènes finales près de la mer qui représente la dilution des intentions, groupes et relations.

- le mec perdu entre les bus qui signifie l'écrasement de leur plan par le monde moderne.


Certains personnages représentent des choses aux aussi :


- Jean Pierre Léaud : une génération perdue qui veut croire en quelque chose

- Bulle Ogier et son envie de rester dans la bourgeoisie par Igor tout en voulant embrasser le sentiment révolutionnaire par le sourd muet : la femme est bloquée entre deux classes par la révolution.

- Thomas qui chancèle de plus en plus par découverte de soi par le théâtre et l'effritement des relations sous la conscience de l'effet de la lutte des classes sur l'esprit des gens.

- Pierre, que l'on ne voit jamais, qui est déchiré entre ses fraudes pour gagner de plus en plus en pouvoir et la volonté de reformer un groupe pour sortir de sa propre caste : les paradoxes interne de l'humanité de la bourgeoise, des sentiments qui ne peuvent pas survenir dans un groupe maintenu sous froid pour continuer à entretenir la société de l'argent.


La conclusion c'est que la bourgeoisie est coincée et ne peut venir à bout d'elle-même du fait de sa propre pression interne et doit donc finir dans un monde sans paysage pour oublier son propre esprit troublé.

Le sentiment révolutionnaire attendra son heure, et l'accumulation des pauvres dans ses rangs.

Les gens qui vivent dans le crime finissent forcément mal dans un monde capitalisé.

Le chef par folie, auto-dérision masquant l'auto-critique aboutie, choisira la solitude pour ne plus assumer son rôle et donc la classe stagnera sans directive vers nulle part et ainsi la société avec ce qui amènera plus tard à la révolution.


Comme vous le voyez il y a de l'idée, mais encore faut-il bien exécuter la recette.


Le gâteau a reposé trop longtemps jusqu'à dégonfler, on a plus qu'un truc indigeste et informe autant dans ses couches que dans ses courbes


Un jeune homme hyperactif après avoir trop mangé ; du paradoxe entre la lenteur de la digestion et du trop plein d'énergie calorifères.


Il n'y a plus que des vapeurs sucrées qui imprègnent cette ville : laissez vous droguer un temps en vous trainant d'un quartier à l'autre mais il y a bien un moment ou les effets se dissiperont par l'échauffement de votre esprit ; un vent à venir à bout de tous les parfums des grands fabricants.

Créée

le 17 avr. 2023

Critique lue 20 fois

Janenba

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