Mon nounours mexicain préféré, Guillermo Del Toro, a prouvé ces dernières années qu’il avait plus d’une corde à son arc. Scénariste (Don't Be Afraid of the Dark, la trilogie du Hobbit), écrivain (La Lignée (en cours d’adaptation en série), La Chute et La Nuit éternelle), producteur (Splice, Biutiful, Kung Fu Panda 2, Les Cinq Légendes, Mamá, etc.). Bref, il n’a pas eu le temps de s’ennuyer. Ni eu le temps de réaliser quoi que ce soit depuis Hellboy II : Les Légions d'or maudites, il y a quand même 5 ans de cela ! Autant dire que son dernier film, Pacific Rim, est attendu de pied ferme ! D’autant qu’il s’agit d’une histoire de robots géants qui défoncent d’énormes bestioles surgit des profondeurs marines. Quand on connaît le talent du réalisateur et son amour inconditionnel pour les monstres en tout genre, on se dit que ça va déboîter sévèrement…

Ce qu’on est en droit d’attendre d’un film comme Pacific Rim, ce sont des combats qui envoient du bois. Alors je vais aller droit au but, ils sont vraiment hallucinants ! Leur générosité et leur beauté en mettent plein les mirettes ! Les corps-à-corps entre les Jaegers (robots) et les Kaijus (les bestioles) donnent vraiment un sentiment exaltant de puissance, d’un côté comme de l’autre. Chaque coup porté à l’adversaire provoque un impact d’une lourdeur et d’une force totalement jouissives ! Des gnons de plus en plus brutaux sur des monstres de plus en plus furieux dans des affrontements complètement dantesques. Ils ont pour arènes une mer déchaînée, un Hong-Kong nocturne luminescent sous une pluie battante mais aussi des terrains de jeu qui nous amènent en hauteur et en profondeur… Malgré la richesse visuelle (tôle froissée, explosions, destruction de bâtiments et le tout, de nuit) de ces chocs de titans, la mise en scène reste exemplaire de lisibilité et de compréhension !

Le film trouve un très bon équilibre entre les scènes de sauvagerie pure et d’autres moments plus doux et émouvants, parfois même poétiques. À l’image de cette superbe séquence où une enfant entrevoit la silhouette de son sauveur qui se découpe à travers les rayons du soleil dans une ville en ruines avec un cadavre de monstre gisant sur le sol. Magnifique. J’aurais aimé à ce titre que le concept de la « Dérive » (la fusion des esprits des deux pilotes à bord du robot permettant de le contrôler), vecteur principal de l’émotion dans Pacific Rim, soit encore plus exploité.

Quand les monstres de chair et ceux de métal n’occupent pas le devant de la scène à se foutre des mandales atomiques dans le museau, le film ne perd pas pour autant en intérêt, et ce grâce à un casting aussi solide qu’une armure de Jaeger. Charlie Hunnam est Raleigh Becket, le personnage principal, et remplit assez efficacement le contrat. Pour les nostalgiques d’Heath Ledger, l’acteur anglais lui ressemble énormément soit dit au passage. Rinko Kikuchi compose une pilote japonaise aussi charmante que redoutable au combat. Idris Elba campe un Marshall qui impose naturellement le respect et dont le charisme bouffe totalement l’écran. J’ai bien apprécié sa remontrance adressée à Raleigh, sur le même modèle comique que les deux premières règles du Fight Club. Ron Perlman, acteur fétiche de Guillermo Del Toro, compose un personnage haut en couleur qui balance quelques répliques bien senties. Il s’enrichit sans scrupule grâce aux cadavres de Kaijus dont il revend les organes sur le marché noir. Une attitude vénale et un destin rappelant l’avocat Donald Gennaro de Jurassic Park. Mais les vrais moments comiques sont amenés par le couple de scientifiques Newt Geizler (joué par Charlie Day)/ Hermann Gottlieb (Burn Gorman). Le premier avec sa dégaine de geek type J.J. Abrams fait preuve d’une passion débordante pour les Kaijus, faisant très probablement écho à celle du réalisateur mexicain pour les monstres qu’il chérit tant. Il s’oppose/se complète avec le second qui voue un culte étrange aux chiffres. Leurs deux caractères et visions donnent lieu à des échanges savoureusement conflictuels !

La 3D du film est excellente ! La plupart des films que j’ai vus jusque-là comportaient un ou deux paresseux effets de jaillissement pour péniblement justifier le surcoût du billet. Mais dans Pacific Rim, la 3D habite pratiquement chaque plan et est globalement très réussie ! Elle participe grandement à l’immersion dans cet univers spectaculaire et apocalyptique. La réussite est d’autant plus à saluer que la conversion du film a été imposée à Guillermo Del Toro par le studio.

Un mot sur le thème musical principal qui accompagne notamment la première scène. En plus d’être rock’n’roll et entraînant avec sa grosse guitare électrique (celle de Tom Morello, membre du groupe Rage Against the Machine dont le nom pourrait être un slogan Kaiju), il fout la patate et colle parfaitement au statut de rock star qu’ont les pilotes de Jaeger ! Le genre de musique qui aurait presque pu accompagner un entraînement de Rocky et qui donne furieusement envie de se joindre au combat ! Ou au moins de d’encourager les pilotes depuis son siège. Ouais, ça sera déjà bien.
Un autre bon point à souligner est le fait que Pacific Rim n’est ni un reboot, ni une suite, ni une préquelle, ni une adaptation de livre, ni une adaptation de comics, ni une… TA GUEULE !!! mais bien un projet original. Tout ça fait du bien face à la déferlante pas tellement rafraîchissante de blockbusters en mal d’inspiration.
J’attends maintenant avec impatience le Godzilla de Gareth Edwards qui arrive en 2014 et qui est produit par le même studio que Pacific Rim…

Pacific Rim est bien le spectacle total attendu et peut facilement prétendre au titre de blockbuster de l’été voire de l’année. Un film aussi simple sur le papier qu’efficace à l’écran, habité par de vrais personnages, parsemé de touches d’humour et d’émotion. Du divertissement de qualité qui tabasse lourdement la gueule. Putain ça fait du bien !

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le 18 juil. 2013

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