Guillermo Del Toro réalise un rêve de gosse nourri aux films Godzilla et aux sentaï avec mechas façon Power Rangers (pour parler au spectateur occidental qui s'est enfilé des heures de Club Dorothée). Pacific Rim est un film familial et simple, sans violence brute à l'écran autre que des immeubles évacués qui prennent des coups. Il est le pendant "robot géant" d'Avatar, une fable écolo et utopique sur l'union du genre humain pour sa survie, où il ne faut pas chercher de cohérence et de crédibilité logique à l'état des lieux dessiné dans l'histoire. Le spectateur qui assiste à sa projection n'est là que pour voir des robots boxer comme il se doit des animaux extraterrestres géants et beuglant à tout va leurs intentions de s'ébrouer dans les villes humaines.
Heureusement qu'il y a les robots ! Les acteurs jouent mal ou cabotinent pour la plupart (Hunnam semble sorti d'un tournage de Sons of Anarchy avec une piqure d'adrénaline pour le réveiller un peu et Rinko Kikuchi ne brille pas beaucoup par sa placidité), les dialogues sont cons, et il ne faut pas chercher une analyse freudienne pseudo-complexe comme dans Evangelion. PR est un manga-live assumé, avec des personnages cliché (les différents pilotes de Jaggers), et une thématique qui tourne autour du combat d'autodéfense, transcris en film du manga type de mechas : un envahisseur oblige à créer des robots de défense, il n'y a pas de guerre entre factions, pas de morts à l'écran dans les villes évacuées avant l'arrivée des Kaiju, car dans cette univers, les Hommes et les nations travaillent main dans la main contre l'ennemi qui hérite d'un titre mystique et démoniaque, pendant que l'on colle des surnoms allemands pour les robots, un classique dans les univers de mechs.
Pacific Rim n'est ainsi qu'un enchaînement de combats géants assez jouissifs et de plans références à d'autres oeuvres de méchas. Un gros et clinquant hommage cinématographique au budget déraisonnable, qui doit se voir sur un écran de cinéma pour être apprécié, ou ce qui en approche si vous avez des moyens (rétro ou écran géant). Extrait de sa susbtance première, il ne reste pas grand chose de ce film qui se savoure avec les yeux mais pas avec l'esprit. Les fans vont adorer, les autres risquent de se demander si Del Toro n'a pas craqué à force d'être cité comme un cinéaste de talent par de plus en plus de monde.
Le gros souci du film, c'est ce choix incompréhensible d'utiliser de la shaky-cam tout le temps quand une production du genre aurait mérité d'élégants mouvements stabilisés et des travelling grand angle pour filmer la fureur du combat sans avoir envie d'arrêter le film un plan sur deux. Les spectateurs sensibles au genre sont prévenus.