Après avoir gusta-visionné...(!) cette succulente sucrerie que fût son Devdas, je me suis mis en tête d’explorer la filmographie de Sanjay Leela Bhansali. Ce David Lean indien met en scène une légende du 13ème siècle sous couvert d’événements historiques, mêlant folklore traditionnel, un visuel hyper lêché très au-dessus de la moyenne, des moyens conséquents, et ça se voit à l’écran…, et une bonne dose d’action, avec des joutes, cependant, moyennement chorégraphiées, et l’utilisation d’effets numériques clairement pas à la hauteur. C’est dans ce domaine que pêche le réalisateur qui au-delà de ces quelques imperfections ne cède en revanche quasiment jamais à la mièvrerie et aux effets faciles. Le happy end, par exemple, n’est absolument pas son apanage. Il faut voir les conclusions de ses films qui sont absolument sans concessions. C’est un peu comme si l’univers Disney virait à la dramaturgie Shakespearienne.


Ce qui me fait préférer ce film à son Devdas, qui demeure quand même un sacré spectacle…, la non présence de la star hindi Shahruk Khan, acteur un peu trop cheap à mon goût… mais ça n’engage que moi. Ici, il est remplacé par le ténébreux Ranveer Singh, acteur très charismatique qui n’a pas son pareil pour jouer les méchants de service. Dans le rôle du sultan Alauddin Khilji de la dynastie des Khaljî, une ethnie Turco-Afghane qui régna sur le sultanat de Delhi entre 1290 et 1320, il incarne un personnage de conquérant despote et manipulateur épris de la belle héroïne, de manière très convaincante.


Les actrices sont toujours aussi belles, les chorégraphies, les costumes, l’esthétisme à la pointe, le spectacle est assuré d’un bout à l’autre, avec toujours ce souci d’apporter de la profondeur à ses personnages qui présentent des aspects bien plus complexes et ambigus que ce que leur façade leur donne au préalable. A noter une excellente bande-son avec notamment le morceau Ghani Re Ghani Re Khamma qui donne au final du film une ampleur baroque fulgurante.


Pour le spectateur avide d’orientalisme et d’aventures au grand souffle épique en manque de sensations, Bollywood est une excellente alternative. C’est parfois un peu cheap et sirupeux, mais c’est comme une bonne grosse friandise que l’on se déguste en cachette.

philippequevillart
7

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films indiens et Objectif : 200 films indiens

Créée

le 7 juin 2021

Critique lue 322 fois

6 j'aime

Critique lue 322 fois

6

D'autres avis sur Padmavati

Padmavati
philippequevillart
7

Le royaume de feu

Après avoir gusta-visionné...(!) cette succulente sucrerie que fût son Devdas, je me suis mis en tête d’explorer la filmographie de Sanjay Leela Bhansali. Ce David Lean indien met en scène une...

le 7 juin 2021

6 j'aime

Padmavati
abscondita
9

Critique de Padmavati par abscondita

Padmavati ne prétend pas faire œuvre historique, nous sommes avertis dès l’ouverture du film. Cependant Padmavati repose sur des faits historiques qui se sont déroulés au XIVe siècle : le...

le 27 déc. 2021

6 j'aime

3

Padmavati
limma
5

Critique de Padmavati par limma

L'amour ne connaît ni frontière, ni religion, nous disait Sanjay Leela Bhansali dans son générique de fin de Bajirao Mastani. Quel dommage alors que l'Inde ne puisse l'entendre et que le cinéaste...

le 12 août 2022

5 j'aime

12

Du même critique

L'assassin habite au 21
philippequevillart
8

Meurtre oblige

Première incursion de Clouzot dans un genre auquel il donna ses plus belles lettres de noblesse, en l’occurrence le thriller à la Hitchcock. Pour se faire il adopte un style emprunt à la Screwball...

le 21 avr. 2020

18 j'aime

8

Joker
philippequevillart
6

Autant de clown clinquant

C’est auréolé d’une récompense à la Mostra de Venise et d’une pluie de critiques dithyrambiques annonçant un classique instantané et une performance d’acteur de la part de Joaquin Phoenix emprunte...

le 9 oct. 2019

18 j'aime

5

La Chienne
philippequevillart
8

L'ange et la mort

Dans La Chienne, second film parlant de Jean Renoir, c’est surtout quand les voix se taisent et que l’image reprend naturellement ses droits que le lyrisme dramatique s’impose pour offrir de grands...

le 31 janv. 2023

18 j'aime

2