Magie magie, et vos idées n'ont pas de génie...

Il ne suffit pas d’avoir les accessoires pour faire de la magie, il faut aussi la formule et une certaine adresse. Si Joe Wright s’est laissé submerger par les effets spéciaux dans son Pan, c’est peut-être justement pour compenser son absence de talent de magicien. Car c’est bien ce que nécessite ce genre d’histoire, la capacité à charmer avec peu, à faire de l’alchimie et à enchanter les rêves de tous. Spielberg y était parvenu en son temps avec des moyens bien moindres mais à l’époque, Spielberg était un parfait magicien.


Quelle est cette magie dans le fond ? Peut-être le choix d’acteurs qui croient encore aux fées car oui, comment jouer dans Pan si on ne croit pas aux fées ? Peut-être aussi une forme de modestie qui évite, comme ici, de faire crouler le film sous une masse finalement assommante d’effets numériques aux fonds verts parfois peu discrets. Des effets numériques qui masquent à peine la croyance du réalisateur, non pas aux fées, mais en l’idée que les enfants n’y croiraient plus eux, aux fées.


De manière plus terre à terre et pour être plus concret, les costumes sont absolument laids, rivalisant de la plus horrible manière avec ceux de Star Wars. D’ailleurs, que dire des coiffures de Lily La Tigresse (charmante Rooney Mara, sœur de Kate, c’est dire…), si ce n’est qu’elles rappellent celles de Leïa, mais en moche ? Barbe-Noire gagne la timbale avec sa tenue gothique, affublée d’un faux-cul stratosphérique, Hugh Jackman aurait mieux fait de se casser une jambe le jour de l’audition. Le beau mec devenu hideux. Quant aux indiens, ils font plus penser à une tribu africaine, rien d’American Native là-dedans. Joe Wright joue le décalage pour imprimer sa marque, mais oublie la cohérence d’un univers qu’on veut fabriquer. Mais surtout, n’oublions pas les ellipses issues du montage, peut-être pour raccourcir le film, peut-être par facilité scénaristique mais quand même, elles sont souvent surprenantes.


Cette magie transpire parfois au compte-gouttes, particulièrement dans le dernier quart-d’heure, ce qui fait quand même très peu mais, cette fin de film est vraiment belle, pleine de panache et ferait presque oublier la grosses, très grosse tâche du film, à savoir la foule de mineurs du début en train de massacrer le Smells Like Teen Spirits de Nirvana. Il faut avouer que ça, on s’en remet quand même difficilement car le décalage, le contraste dans un film, c’est toute une maitrise, tout un art et cet art, comme le reste de son film, comme cette magie, Joe Wright ne le maitrise que très peu.

Jambalaya
5
Écrit par

Créée

le 22 oct. 2015

Critique lue 1.5K fois

25 j'aime

Jambalaya

Écrit par

Critique lue 1.5K fois

25

D'autres avis sur Pan

Pan
Fritz_the_Cat
2

Orgueil et préjugés

L'exemple du film qu'on était parti pour adorer. L'affiche hideuse ne nous aura même pas fait fuir, celle de Tomorrowland s'étant montrée encore plus laide cette année, au détriment de ce qui reste...

le 23 oct. 2015

35 j'aime

35

Pan
Jambalaya
5

Magie magie, et vos idées n'ont pas de génie...

Il ne suffit pas d’avoir les accessoires pour faire de la magie, il faut aussi la formule et une certaine adresse. Si Joe Wright s’est laissé submerger par les effets spéciaux dans son Pan, c’est...

le 22 oct. 2015

25 j'aime

Pan
Jack_P_
9

Un charme inattendu

Dés maintenant, suivez les aventures de Jack P., défenseur des causes perdues. Plus sérieusement, je sais que parfois les notes que je met déroutent. Je sais que, parfois, on trouve que je juge un...

le 23 oct. 2015

21 j'aime

10

Du même critique

The Truman Show
Jambalaya
9

Quand la vie de Truman capote...

The Truman Show, un film touché par la grâce, de son réalisateur Peter Weir d'abord, qui a rarement été autant au sommet de son talent depuis, de Jim Carrey ensuite, qui a fait taire avec ce film,...

le 10 déc. 2013

154 j'aime

17

True Detective
Jambalaya
9

Les Enfants Du Marais

True Detective est un générique, probablement le plus stupéfiant qu’il m’a été donné d’admirer. Stupéfiant par les images qu’il égraine patiemment, images d’une beauté graphique rare, images sombres...

le 12 mars 2014

152 j'aime

15

Le Monde de Charlie
Jambalaya
10

Charlie's Angel

Voici une œuvre miraculeuse, d’une justesse dans les sentiments et les émotions adolescentes qui m’a ramené vingt-cinq ans en arrière. A cette époque, se trouver une identité revenait à les essayer...

le 5 janv. 2014

152 j'aime

26