Le point commun entre Tim Burton, Quentin Tarantino, et Joe Dante, c’est qu’ils ont été abreuvés dans leur jeunesse à une forme de cinéma bis auquel ils rendent désormais régulièrement hommage. Panic sur Florida Beach est un peu le Ed Wood de Joe Dante, sans forcément le côté subversif. Il s’agit avant tout d’une déclaration d’amour à un cinéma d’horreur fantastique gentiment fauché mais parfois sincère – fait de monstres en latex et de slogans choc surestimant largement son pouvoir terrifiant – comme celui pratiqué notamment par Roger Corman, auprès duquel il fit ses premières armes.

Panic sur Florida Beach ressemble à un simple film pour adolescents, dont la principale particularité résiderait dans son choix d’époque et de lieu : la crise des missiles de Cuba, dans une zone suffisamment proche de l’île pour subir les effets d’une attaque nucléaire. Le réalisateur nous dépeint la psychose et le quotidien des populations, et évoque certaines situations véridiques mais qui nous paraissent aujourd’hui surréalistes.
Le terreau est idéal pour évoquer le cinéma d’horreur fantastique, reflet bien connu de la peur de l’Amérique tantôt pour le Rouge tantôt pour l’Atome.

Car ce film, c’est aussi l’histoire d’un producteur fictif, fauché, recourant à des ficelles éculées pour ses productions mais véritable génie quand il s’agit de vendre ses produits, même s’il doit pour cela recourir à des artifices issus du music-hall ou des techniques que nous pourrions qualifier de douteuses, pour ne pas dire carrément malhonnêtes. Pourtant, nous ressentons bien derrière le personnage une passion réelle pour son métier et ses tours de passe-passe. Il est campé par un John Goodman impérial, fumant des cigares (cubains ?) de taille aberrante ; à croire que le rôle de producteur lui convient, car c’est aussi celui qu’il tient dans The Artist.

Le réalisateur signe un film traitant à la fois de problèmes d’adolescent, d’un événement majeur dans l’histoire moderne des USA, et d’un courant de cinéma à qui il semble porter un amour sincère.
Joe Dante, artiste souvent incompris et au moins aussi souvent responsable d’échecs commerciaux, ne réalise pas ici une de ses œuvres les plus emblématiques ou les plus réussies, la faute notamment à quelques longueurs et à des personnages adolescents déjà vu 100 fois, parfois en mieux. Mais Panic sur Florida Beach reste une expérience magique, amusante, qui mine de rien se ferme sur une note d’espoir, et sonne comme un éloge de la vie et de la passion. Joe Dante aime son sujet, et son plaisir est communicatif.
Ninesisters
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le 21 août 2012

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