Tel un ronronnement interminable et bien huilé, on retrouve ici la collection de défauts habituels qui collent à la peau de Robert N. Bradbury comme une crotte de chien sous la semelle d'un bon bourgeois, acteurs momifiés et puant la naphtaline, capables d'une expression par film, histoire tellement pénible qu'elle devient un pousse-au-crime, montage à le serpette et John Wayne comme toujours égaré dans un film qui ne le mérite pas...

Il reste tout de même un moment de franche rigolade, court mais bon, un moment qui pousse à ce moquer du scénariste et quand on sait que le scénariste et le réalisateur sont la même personne, on se lâche deux fois plus pour en rire, tout scrupule nous ayant quitté. Ce moment, à la limite de l'absurde, est une cascade qu'effectue John Wayne (enfin sa doublure) en attrapant au vol, juché entre deux chevaux d'un attelage au galop, la jeune et jolie personne dont il tombe évidemment en amour. Évidemment il réussi et l'attrape sans égratignure ni grain de poussière. À côté de cette cascade pas crédible un instant, James Bond Brosnan sautant en chute libre pour rattraper un avion vide et redresser le manche ressemble à une promenade au bord de mer un soir de vacances d'été. Bradbury tente d'épater la galerie, le seul effet qu'il obtient est une irrépressible envie de remonter le temps pour lui faire bouffer tout son matériel de tournage, caméras et éclairages compris jusqu'au dernier millimètre de pellicule qui, déjà à l'époque, étaient gavés de produits toxiques...

Dernier petit détail qui compte et qui démythifie avant l'heure le cow-boy sans peur et sans reproche, c'est cette épouvantable habitude qu'avait Bradbury de systématiquement caser John Wayne avec la donzelle de service pour nous imposer sa very happy end. Pour Bradbury, « caser » ne veut pas seulement dire un gros baiser final bien baveux, pour lui cela signifie mariage, enfants et mère au foyer. À mort le cow-boy solitaire, dur, sans peur et sans reproche pour Robert N(aze) Bradbury, vive le père de famille honnête et travailleur. Comme quoi, on peut être « réalisateur » de westerns et transformer son film en un immonde blasphème insultant un des genres majeurs du cinéma. Pourquoi voir les films de Bradbury ? Parce-qu'écrire à leur propos est un défouloir jouissif !
Jambalaya
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le 28 mars 2013

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