Nouvelle adaptation du roman autobiographique d'Henri Charrière, plusieurs années après la classique version de 1973 qui mettait en scène l'immense Steve McQueen en duo avec un encore tout jeune Dustin Hoffman, ce Papillon version 2018 voit le jour sous des regards plutôt hostiles. Car à quoi bon refaire une histoire qui a déjà parfaitement été racontée dans un monument du cinéma et qui était en plus incarné par deux légendes dont il sera difficile de marcher dans les traces. La réalisation étant en plus confié à un jeune débutant encore anonyme alors il n'y a que très peu de choses auquel s'excité mis part le duo d'acteurs principal composé de Charlie Hunnam et Rami Malek. Deux excellents acteurs qui ont fait leurs preuves mais seront-ils quand même capable de combler la place laissé par leurs aînés ?


Ils seront la principale attraction de cette nouvelle version de l'histoire de Charrière car en lui-même, le film ne réinvente pas la roue. En comparaison avec le film de 1973, le récit survole un peu plus la destiné de son personnage et ses relations et réduit même le temps d'intérêt pour ses années en isolement. Cela est aussi sans doute dû à de nombreuses coupes de la production, il suffit de voir la bande annonce pour constater que pas mal de scènes manquent à cette version finale. Une version qui cherche avant tout le rythme et l'efficacité gonflant un peu plus le spectacle et l'action de son histoire. Les scènes d'évasions sont celles qui intéressent le plus ici, et elles se montrent tendues et bien exécutées. Michael Noer ne transcende jamais le récit mais l'encadre de la meilleure des manières, avec une réalisation impeccable et léchée que ce soit dans ses cadrages ou sa photographie qui souligne une production de bon niveau et qui souligne une mise en scène fonctionnelle mais pas dénuée de savoir-faire. Les quelques montées de violences sont percutantes et bien filmées grâce à un découpage lisible et le sens du rythme convainc car le film ne se laisse aller à aucun temps mort et sait soigner son ambiance et sa tension.


Sans jamais être aussi abouti que la version de 1973, ce cru de 2018 n'a pas à rougir de sa réalisation et fait un travail honorable et maîtrisé. Le scénario lui se verra un peu plus sacrifié et ne distille pas la même émotion et sentiment de révolte face à l'injustice que doit subir le protagoniste. Sa relation avec Dega, même si elle reste le cœur du film, se voit aussi être moins développé et la naissance de leur amitié s'avère moins clair que par le passé même si paradoxalement elle se montre plus primordiale encore. Mais à resté trop détaché de l'émotionnel et choisissant une approche trop factuelle, l'intrigue perd un peu de son impact. Elle se laisse suivre mais ne marque pas autant qu'elle avait su le faire par le passé. Mais ce n'est pas la faute d'un casting qui donne le meilleur de lui-même et s'en sort avec les honneurs. Charlie Hunnam n'a pas le charisme magnétique et la flegme ultra cool de Steve McQueen mais s'impose pourtant comme un héritier évident. Disposant du même aura de bad boy au grand cœur, il arrive à offrir une performance puissante où il se donne corps et âme comme il avait pu le faire de The Lost City of Z. Même si il ne détrône pas son rôle dans le film de Gray, il offre une des meilleures prestations de sa carrière et impressionne dans sa capacité de marcher dans les pas de McQueen sans avoir à rougir de son jeu. Il partage aussi une bonne alchimie avec Rami Malek qui lui arrive l'exploit de faire mieux que Dustin Hoffman en son temps. Le rôle de Dega n'avait jamais été le plus inspiré d'Hoffman et Malek livre une performance plus contrastée, hallucinée même, et qui présente une humanité touchante. L'acteur prouve qu'il est un des plus prometteurs talents de sa génération et livre une grande interprétation.


Papillon est une relecture tout à fait réussie de l'histoire de Charrière. Même si il n'aura jamais l'impact ou le brio du film de 1973, il n'a pourtant pas la prétention de vouloir rivaliser avec. Il livre un divertissement maîtrisé, bien réalisé et joué par d'excellents acteurs qui font tous un superbe travail n'ayant pas à rougir face à ce qui avait déjà été fait par le passé. Reste l'histoire et sa dimension émotionnelle qui se voit ici être un peu plus timide mais pas de quoi vraiment bouder son plaisir pour un film qui nous tient en haleine du début à la fin. Clairement pas du grand cinéma, et ceux ayant déjà vu le film de 1973 n'y verront que très peu d'intérêt mais on ne peut pas nier le savoir-faire du spectacle et ce Papillon n'est ni plus ni moins qu'un bon film.

Créée

le 29 août 2018

Critique lue 2.1K fois

15 j'aime

Flaw 70

Écrit par

Critique lue 2.1K fois

15

D'autres avis sur Papillon

Papillon
archibal
6

La petite évasion

Un remake pas franchement utile qui n'apporte pas grand chose mais qui s'avère plutôt correct. Le film n'a plus la même résonance dénonciatrice et mémorielle qu'à l'époque en plus de passer après une...

le 27 déc. 2018

12 j'aime

2

Papillon
drélium
6

Steve Hunnam et Dustin Malek sont dans un bateau...

Mode papy con : Si typique de notre temps dans son genre, le drame historique remaké, ré-empacté, si typiquement machine huilée, désincarnée et remake suceur. Le duo d'acteurs peut se donner corps et...

le 9 oct. 2019

8 j'aime

4

Papillon
Frédéric_Battut
1

Hors sujet

Hors sujet !!! Pour qui aime la Guyane et son histoire marquée par le bagne, ce film est totalement hors sujet. Le réalisateur qui vient du documentaire aurait pu au moins visiter le véritable Camp...

le 2 nov. 2018

6 j'aime

3

Du même critique

Glass
Frédéric_Perrinot
6

Une bête fragile

Alors en plein renaissance artistique, M. Night Shyamalan avait surpris son monde en 2017 lorsque sort Split et nous laisse la surprise de découvrir lors d'une scène en début du générique de fin...

le 22 janv. 2019

66 j'aime

6

Ça
Frédéric_Perrinot
7

Stand by me

It est probablement un des plus gros succès et une des œuvres les plus connues de Stephen King, et il est presque étrange d’avoir attendu aussi longtemps avant d’avoir eu une vraie adaptation...

le 22 sept. 2017

63 j'aime

1

A Cure for Life
Frédéric_Perrinot
8

BioShock (Spoilers)

Après une décennie à avoir baigné dans les blockbusters de studio, Gore Verbinski tente de se ressourcer avec son dernier film, faisant même de cela la base de son A Cure for Wellness. On ne peut...

le 17 févr. 2017

59 j'aime

3