Basé sur le roman autobiographique (mais largement romancé) d'Henri Charrière, "Papillon" nous conte l'enfer du bagne de Cayenne en colonie française. Henri "Papillon" Charrière, condamné pour un meurtre qu'il n'a pas commis, se retrouve au sein d'un système carcéral impitoyable et pas si lointain que ça. Travaillant dans des conditions climatiques atroces, les détenus se tuent littéralement au travail (40% d'entre eux mourraient la première année) sur une île qui ne laisse que peu d'espoir à l'évasion, les tentatives étant sévèrement punies par plusieurs mois d'isolement au mieux, par la mort au pire. Mais l'évasion, Papillon n'a que ça en tête. Aussi s'allie-t-il au faussaire Louis Delga, le protégeant tandis que celui-ci va financer son évasion. Cette relation qui commence par intérêt se transformera en amitié qui traversera les années (la première tentative d'évasion n'étant pas la bonne, forcément) et qui restera d'ailleurs le seul soupçon d'humanité existant au cœur de cet enfer.
Grand film de 2h30 réalisé par un spécialiste du genre (Franklin J. Schaffner, à qui l'on doit "La planète des singes" et "Patton"), "Papillon" est une œuvre forte, célébrant la liberté par dessus tout. Une liberté qui fait tellement rêver les hommes qu'ils sont prêts à tout risquer pour elle. C'est d'ailleurs ce grand thème auquel s'intéresse le film (pas étonnant quand on sait que Dalton Trumbo l'a co-écrit), quitte à laisser de côté la culpabilité de son héros, interprété par un Steve McQueen au sommet de son charisme et de son talent, dans un rôle éloigné de ses personnages habituels, dévoilant plus ses faiblesses. Face à lui, Dustin Hoffman s'impose en Delga, personnage touchant et très humain. En habile metteur en scène, Schaffner sait entretenir la tension sous le soleil de Cayenne et livre une description très détaillée d'un système pénitentiaire qu'il dénonce avec virulence, faisant de son film l'une des plus belles odes à la liberté de l'histoire du cinéma.