Définition du parasite : Organisme vivant qui vit aux dépens d’un organisme hôte.


Lieu : une Corée-monde fondamentalement séparée en deux parties distinctes. Celle d’en bas qui vit de petits boulots, de magouilles et de débrouillardise, ils veulent croquer coûte que coûte, quitte à user de procédés très douteux. Et la caste des privilégiés, pour qui ceux du bas se distinguent par leur odeur et leurs goûts « douteux », ils vivent dans des demeures conçues par des architectes de renom et pratiquent le culte de l’enfant-roi.


Devinez qui est le parasite?...


Partant de ce fameux postulat du choc de deux mondes en totale opposition, Bong Joon-Ho, le très doué réalisateur, parvient en utilisant ses qualités propres : une certaine liberté de ton, de l’imagination à revendre, une science de la construction de plans visuellement super chiadés et un certain savoir-faire dans le domaine de la direction d’interprètes, à viser juste sur à peu près toute la ligne.


Il réussit sur le registre de la satire sociale cruelle et décapante, qu’un réalisateur italien de la grande époque, du genre Ettore Scola ou Mario Monicelli, n’aurait pas désapprouvé. En parvenant à chaque fois à se tirer finement de l’embourbement dans lequel il eut été facile de se laisser glisser, il réussit un modèle du genre dans ce registre. C’est franchement plaisant et on a droit à de sacrés moments de rigolade. Sincèrement, je ne sais pas vous, mais moi l’idée de l’art-Thérapie, je ne m’en suis toujours pas remis…


Tout en parvenant à nous faire marrer sans jamais tombé dans le manichéisme et la tambouille tarte à la crème, il réussit tout de même à construire un truc qui tient la route, malgré l’absurdité de certaines idée un chouïa capillotractées : ils sont quand même sacrément finauds la family de trublions, l’idée du mec de la cave est intéressante mais pas suffisamment bien exploitée à mon goût, le final dantesque, même s’il revêt une connotation baroque est quand même un peu foutraque.


Cette palme est tout de même plaisante, même si Cannes prend sacrément l’habitude de récompenser de l’idéologique plutôt que de la proposition de cinéma… elle l’est car Bong Joon-Ho est justement un cinéaste qui contrecarre son manque de finesse par une certaine maestria et un véritable sens du découpage. Il ressort toujours de ses œuvres, même si son expérience US est assez creuse et son Kaiju-gaga Netflix pas franchement révolutionnaire, une vitalité et une liberté de ton plutôt plaisante. Il utilise à fond les conventions, mais n’hésite pas à les faire exploser en vol.


Voilà, dans le registre satire acide à l’italienne percutante et franchement drôle et sa grande maîtrise de la construction de plans souvent sublimes, ce Parasite est une palme vraiment plaisante et un film qui prendra probablement de la plus-value avec le temps.

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le 11 juin 2019

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