Stationnement kafkaïen à Taipei

Sensation étrange que de tomber enfin sur ce "Parking", noté dans mes petites fiches depuis probablement plus de 15 ans (de mémoire, un court commentaire élogieux dans un Télérama) et venant compléter mon parcours du cinéma taïwanais. Le premier film de Chung Mong-hong correspond bien à une mode de son époque, ce cinéma d'auteur un peu décalé multipliant les expérimentations formalistes légères autour d'un personnage paumé multipliant les rencontres plus ou moins étranges. Le protagoniste (Chang Chen) devait retrouver sa femme pour un dîner mais se retrouve bloqué sur sa place de parking après avoir acheté un gâteau à Taipei un jour de fête des mères. Son histoire personnelle ne sera esquissée que bien plus tard dans le récit, notamment au travers de sa relation compliquée avec sa femme, cédant la place à une série de rencontre avec des habitants du coin pendant toute la nuit.


En consultant des critiques de l'époque, on ne peut qu'être sûr que la comparaison avec "After Hours" de Scorsese était mise en avant dans le dossier de presse : ambiance nocturne, cauchemar pour un homme qui rencontre une pléthore d'obstacles sur son chemin, tonalité de comédie noire par endroits... On peut comprendre le rapprochement. "Parking" est presque entièrement défini par quelques portraits de personnes rencontrées tandis que le héros cherche à partir avec sa voiture : un vieux couple vivant avec leur petite-fille dans l'attente du retour du fils, un coiffeur manchot avec sa recette de soupe de poisson, une prostituée de Chine sous le joug de son proxénète, et un tailleur hongkongais endetté victime de la mafia. Des événements étranges autour de ces personnalités excentriques, un film d'ambiance en ce sens avec une esthétisation parfois un peu excessive (pour l'époque) donnant l'impression que tout tourne autour de la reprise en main du destin de ce pauvre gars coincé sur sa place de parking.

Morrinson
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le 23 mai 2024

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