On la vit cette journée au bord de la Seine avec la petite bourgeoisie parisienne dans la fin du XIXème siècle. Le plaisir d'une journée d'été loin des maux de la ville, magnifiée sous la caméra de Renoir à l'esthétique toute impressionniste et emprunte de naturalisme.
Dans un contexte des années 30 où l'industrialisation et l'urbanisation ne cesse de transformer les paysages de la vieille France, Renoir nous emmène 70 ans plus tôt et nous fait vivre ces temps déjà révolus pour ceux qui étaient là pour voir ce film dans les années 40 (la sortie était initialement prévu en 1936 mais n'est sortit que plus tard il me semble), des temps déjà vu avec nostalgie, ceux là même que Renoir Père à vu passer sous ses pinceaux, et que Jean à dû effleurer dans son enfance.
Cette atmosphère vieille du XIXème siècle, d'un tour de barque sur les rives de la Seine, d'un moment de détente dans une campagne vivante, d'une joie légère et innocente, d'une simplicité dans l'art de vivre... Elle parvient jusqu'à nous, gravé sur pellicule, bientôt 100 plus tard. Des temps qu'on ne peut pas expérimenté mais dont on peu sentir l'air à travers des oeuvres comme Partie de Campagne. La vie de l'époque y est tangible, la matière palpable, on regarde avec nostalgie un temps que l'on a pas connu.
On est embarqué par la simplicité du dispositif filmique (petite équipe de tournage et entre amis, peu de mouvements de caméra, peu ou pas de planification du tournage, Renoir disant lui même qu'il était dans une forme d'improvisation...) on capte quelque chose presque de l'ordre du documentaire nous permettant de toucher du doigt ces temps, parachevé par la maestria de la mise scène. Rarement une simple succession d'image ne m'aura ému comme celle de l'orage. Elle convoque une esthétique créer par des grands noms de la peinture, de la littérature, esthétique cette fois-ci capter sur pellicule. Cette oeuvre c'est un peu Caillebotte, un peu Maupassant, un peu Monet, chacun y mettra les noms qu'il veut, Renoir nous la livre au cinéma. La nature déchainée suite à ce baiser volé, le vent en crève l'écran, le mouvement de la nature et de la vie transpire de l'image... de la beauté formelle ? Pour mes yeux et mon coeur il semblerait que oui.
L'approche naturaliste et l'universalité de l'histoire permet à Renoir de saisir une vérité, le cinéma agi comme graveur et passeur du temps sous sa direction, cet orage a eu lieu et nous avons sentit le vent tourné. Je pense au Chef d'oeuvre inconnu de Balzac, à Frenhofer cherchant "le mouvement" à coup de pinceaux qui ferait qu'une oeuvre devienne de l'art, il me semble qu'ici, Renoir a capturé un mouvement et donc la vie.
Alors peut-être que oui, là, on touche à se qu'on appelle... LE BEAU