Difficile de trouver de bons documentaires parlant correctement de la mondialisation sans tomber dans la facilité. Pas Assez de Volume est l'un d'entre eux. Il décrit avec précision les rôles, le pouvoir et les effets de l'OMC : l'Organisation Mondiale du Commerce. On y découvre les origines de cette organisation le GATT et la naissance de l'OMC.
Ce qu'il y a d'étonnant quand on regarde ce reportage c'est que l'on nous parle du GATT comme précurseur de l'OMC. Le GATT est normalement abordé en économie au lycée, dans mes souvenirs de cours, le GATT n'avait pas les conséquences qu'on lui donne dans ce reportage. C'est à dire le géniteur de l'OMC et aussi d'une partie de la pauvreté dans le monde.
On découvre par exemple dans Pas Assez de Volume que l'OMC fait tout pour que les gouvernements des pays d'Afrique laissent exploiter leur ressources par des sociétés privées sans qu'elles ne reversent quoi que ce soit aux pays concernés. On y découvre également que l'OMC est un organe qui ne jure que par critère commerciaux de ratios entre importations et exportations entre les pays membres. C'est la pure et dure loi des échanges qui s'applique sans tenir compte du facteur humain et culturel des pays.
Tout ca est très bien détaillé, expliqué de façon neutre, factuelle et concrète car illustré d'exemples malheureusement assez édifiants. Par exemple la France qui écope d'une sanction d'interdiction d'exporter du Roquefort parce qu'elle a refusée les importations de viande bovine aux hormones provenant des US pour des raisons de santé publique. Il n'y a aucun rapport entre ce fromage de terroir, au demeurant sans danger, et la viande industrielle aux hormones mais il fallait trouver une sanction...
Sur ce point, le documentaire est vraiment irréprochable. Malheureusement sont traitement n'est pas parfait. Entre tout ces faits, ces exemples si bien glanés par l'auteur il y a un vernis "alter" qui terni tout ce travail. En effet, parler de l'OMC et de ses abus est tout à fait louable, mais le but premier d'un documentaire est d'informer. On peut lui donner une dynamique au montage, ajouter des sarcasmes, de l'humour mais de là à enrober le tout d'une ambiance festivalier "babos" altermondialiste ca discrédite totalement le propos vis à vis des personnes qui connaissent mal ce milieu ou qui ne le voient que par le prisme de la TV.
Pourtant, ce documentaire est sans doute la base de l'alter-mondialisme en France puisqu'il a débuté début 2001, époque ou l'OMC commençait à faire parler d'elle pour ses déboires. Il explique le mouvement, et son réalisateur Vincent Glenn donne sa démarche à la fin du documentaire et précise que lui même a découvert ces conférences et interventions sur la mondialisation lors de festivals de musique où intervenaient économistes, politiques et représentant d'ONG pour dénoncer les travers de l'OMC. Le documentaire est d'ailleurs étayé par des intervenants (Agnès Bertrand, Raoul Marc Jennar , José Bové, Joseph Stiglitz) qui savent très bien de quoi ils parlent et qui expliquent très clairement pourquoi l'OMC est dangereuse.
Cependant, là où le documentaire se rate c'est sur la prise en compte des cultures bafouées par la politique mercantile de l'OMC. Puisque cette organisation ne prend pas en compte les critères culturels des pays qu'elle pille ou qu'elle pollue. Le docu s'évertue à placer entre 2 explications des extrais de concerts ou de beaux paysages qui, de prime abord, n'ont pas trop de rapport avec la choucroute et en plus durent longtemps. C'est dommage parce que l'idée de base de démontrer que les politiques de l'OMC ont eu une incidence sur les cultures et les peuple d'autres pays était bonne. Mais cet exercice de style n'est pas toujours réussi.
Du coup, montrer ce documentaire à une personne étrangère au mouvement altermondialiste, aux festivals et à la culture qui en découle est a double tranchant. Soit le spectateur adhère, soit il se dira que c'est un documentaire de propagande anti globalisation pour jeune hippies . Le plus sage, c'est de faire abstraction de cet enrobage et dans ce cas, nous avons là l'un des reportages les mieux documenté sur la mondialisation.
