Marnie est un film charnière dans la carrière d'Alfred Hitchcock, puisqu'il signe là sa dernière collaboration avec le grand Bernard Hermann à la BO. Les deux se séparent à fin du film à cause d'une embrouille, mais Hermann va continuer de s’illustrer chez Dario Argento et surtout chez De Palma avec qui il réinterprète ses partitions Hitchcockiennes. C'est aussi le dernier film de son monteur attitré et de son directeur de la photo de longue date, puisque tous deux décèdent peu après la sortie du film.


Marnie est donc un film qui conclut une ère fructueuse d'un point de vue artistique pour Hitchcock et plus jamais ses films d’après ressembleront à ceux d'avant. Pour beaucoup c'est donc le dernier grand Hitchcock et je ne peux que confirmer leurs dires. C'est en quelque sorte un film somme qui mêle les intrigues et les personnages de deux autres chefs d’œuvres du maître, La Main au Collet et Les Enchaînés (deux Hitchcock que j'aime énormément). Le personnage de Marnie ressemble beaucoup celui de Grace Kelly dans La Main au collet, mais en nettement plus névrosée. C'est d'ailleurs Grace Kelly qui devait reprendre le rôle de Marnie, avant d’abandonner le rôle et d'attirer les foudres d'Hitchcock qui ne lui pardonnera jamais cette "trahison". Ensuite le triangle amoureux de Marnie ressemble beaucoup à celui des Enchaînés, sauf que là c'est 2 femmes + 1 hommes et non 2 hommes + 1 femme. Quant aux troubles psychologiques de Marnie, ils font également écho à Vertigo et Psycho. On pourrait presque parler de la trilogie d'Hitchcock sur la psychanalyse (Vertigo, Psycho, Marnie).


Le film vaut aussi et surtout pour son actrice principale, Tippi Hedren qui incarne Marnie. C'est son second film pour Hitchcock après Les Oiseux et c'est LA révélation du film, elle est splendide. Le film est un portrait de Marnie, tout tourne autour de ce personnage et de sa psychologie complexe, voleuse, menteuse, belle et névrosée. Et en face Sean Connery fait du Sean Connery, d'ailleurs il sortait à ce moment là du premier James Bond (Dr No). On sent qu'Hitchcock est tombé amoureux de son actrice et la met en lumière, contrairement au film précédent Les Oiseaux où elle était nettement moins mise en avant (et moins convaincante aussi).


Marnie est souvent moqué pour son manque de réalisme et ses décors en carton-pâte, à une époque où de nombreux décors se filment en extérieur. Mais ça Hitchcock s'en moque, c'est un réalisateur de studio (en intérieur) et de l'école impressionniste des années 30. Et moi au contraire je trouve la photo du film et les décors (particulièrement celui du port en second plan avec le bateau) sublimes, c'est complètement surréaliste mais sublime. Non vraiment, Marnie est un grand Hitchcock et probablement son dernier grand film.

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le 21 août 2020

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lessthantod

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