Ce film de propagande de 1944 loue le patriotisme français à l'heure de la défaite consommée contre les nazis. De leur bagne en Guyane, où ils purgent leur peine, quelques condamnés français, pas rancuniers, n'ont qu'un désir : combattre pour leur pays et, pour cela, entreprennent de s'évader. Leur profession de foi au cœur de la jungle où ils triment comme des bêtes est d'une maladresse qui confine au grotesque. On a un peu de mal à croire que ces prisonniers anéantis se montrent si résolument dévoués à la patrie. Passons. Le film étant une production de la Warner, on ne s'étonne pas d'y trouver ce pathos et ces emphatiques allégories...
Pour autant, ces envolées lyriques et excessives dédiées à tous les patriotismes ne déconsidèrent pas totalement le film de Michael Curtiz. Plus proche du récit d'aventures que du film de guerre, l'action de "Passage pour Marseille", en Guyane ou à bord du bateau Ville de Nancy, sur lequel les évadés naufragés sont recueillis par des français partagés, ou patriotes ou collabos, présente des aspects divers et elle perd de son unité en raison-même de la construction originale du film.
Le réalisateur cumule pas moins de trois flashback qui éclairent rétrospectivement le parcours de personnages qu'initialement on a découverts soldats modèles sur une base française en Angleterre. Cette mise en scène "étagère" est la principale particularité du film.