Passion par Charles Dubois
Là où le Crime D'Amour de Corneau pêchait c'était dans le style. En effet il était absent et on semblait tout simplement assister à un téléfilm de France 2.
De Palma réalise donc ici un remake de ce film, choix étonnant, en y ajoutant sa patte.
La première partie est très inspirée du film français de par sa sobriété de style, sa petite musique française, qui oscille néanmoins parfois dans des tonalités très 80s, et son ton très théâtral parfois.
Mais le tout est trop sage, trop calqué.
C'est là que l'on se rend compte de la véritable division du film. En effet de Palma surprend en nous collant brut et gros tout son style dans une deuxième partie qui se révèle innatendue. Au détour d'une scène tout explose ; les plans deviennent tordus, la caméra prend des poses osées, l'éclairage se fait flagrant et instaure son ambiance suintante et angoissante par tous les coins de l'image, les visages se font bien encadrés par des gros plans déstabilisants... L'approche est un peu trop marquée mais la volonté est là.
Même si l'on regrette un scénario bien plus bâclé (qui était la force du film français), supprimant certaines scènes, ajoutant certains éléments inutiles et même parfois ridicules, et un choix étonnant et moins efficace des deux actrices principales (Rachel McAdams a beau être classe, elle n'aura pas celle de Kristin Scott Thomas qui se faisait monumentale en femme d'affaire plus âgée, tandis qu'on a du mal à voir Noomi Rapace en victime quand celle-ci jouait une punk violente dans les Millenium suédois, même si sa prestation reste réussie), le film nous offre le point de vue esthétique d'un réalisateur qui trouble et surprend dans ce petit film.
Il crée une atmosphère sale et pourtant froide à ce thriller psychologique, rendant presque obsolète le scénario tant l'esthétique prend une place très importante, rendant parfois l'intrigue compliquée.
Bref, bien différent de son acolyte français, De Palma met en scène à sa façon cette petite histoire assez mineure.