Excessive pudeur

Un film assez mignon, qui marque de par sa pudeur dans la manière non démonstrative de mettre en scène cette relation, mais à côté, le manque d'intensité de celle-ci m'a un peu refroidi. Aussi, on voit difficilement le temps qui passe, que l'on verra explicitement par des "12 ans plus tard", mais sans chercher à nous le montrer dans le montage, ou dans l'évolution des personnages, et on a du mal à se dire qu'il y a autant d'années qui se sont passés entre deux scènes, ce qui enlève une certaine part de l'importance de leur rencontre.

Le film se permettra d'être un peu méta par moment, avec le mari de Nora qui se voit comme étant l'incarnation du blanc américain qui bloque la destinée de ce duo, en faisant probablement référence à notre propre attente en tant que spectateur, que cette relation ne soit pas impossible. Le rythme se veut assez lent, si ce n'est très lent, avec une place toute particulière pour les silences, les petits moments de gênes et sur l'ambiguïté des envies de chacun.

Mais bref, même si je pense que le parti pris est louable, de faire un récit sans excès, tout en douceur, avec une pudeur tout à fait bienvenue, eh bien, je dois avouer que la sauce n'a pas pris avec moi. J'aurais envie d'imputer cela à la pudeur excessive, qui finalement enlève à la pudeur toute sa consistance, il y a quelque chose de peut-être trop léger, les moments de silence ou de gêne ne sont pas (toujours) laissés assez longtemps. Et sur toute la longueur du film, les moments vraiment prenant sont finalement assez peu nombreux, et il semble parfois se perdre dans quelques longueurs peut-être injustifiées.

(Vu le 16 décembre 2023 en VOSTFR au cinéma)