Un très beau western qui m'a cependant demandé un second visionnage pour l'apprécier à sa juste valeur. Le film pâtit légèrement de certaines séquences mal expliquées et de certains personnages mal introduits, qui peuvent rendre l'histoire un brin confuse lors d'un premier visionnage. Néanmoins la trame reste simple et facile à suivre.
Une fois qu'on a compris les enjeux de l'histoire (Pat Garrett, un ancien hors la loi, devient shérif et traque son ancien complice, Billy The Kid, pour le compte d'un propriétaire terrien et du gouverneur Wallace) on peut profiter pleinement de ce superbe western, de ses plans magnifiques, de ses acteurs convaincants et en particulier James Coburn à la prestation remarquable en shérif reconverti désabusé, de son ambiance mélancolique et désenchantée, et de sa puissance symbolique: l'éternelle histoire d'un homme assagi qui décide d'abandonner ses idéaux pour se ranger, et devenir un rouage de la société à laquelle il a longtemps essayé d'échapper. Billy The Kid représentant au contraire le personnage radical en quête d'absolu, qui assumera sa soif de liberté sans compromission, comme une sorte de miroir de Pat Garrett jeune. Entre les deux, le personnage énigmatique d'Alias incarné par Bob Dylan qui fait le va-et-vient entre les deux camps comme un trait d'union entre deux mondes qui se connaissent bien mais sont devenus irréconciliables.
Sam Peckinpah est un grand réalisateur car il maîtrise l'art délicat de retranscrire la complexité et les motivations de ses personnages avec précision et subtilité, donnant un vrai souffle à cette confrontation qui oppose le système corrupteur tout-puissant à l'individu libre, primitif, au mode de vie simple, loyal envers les siens et envers ses principes.
Enfin, Peckinpah prend habilement à revers les codes des classiques du genre, dans lesquels un cowboy solitaire aiderait de braves gens à résister face à des puissants assoiffés de pouvoir et d'argent. Ici le pouvoir est irrésistible, on s'y soumet ou on se fait liquider, le cowboy n'a d'autre choix que de se ranger du côté des puissants, illustrant ainsi la fin d'une époque. Superbe et intemporel.