Pendant presque deux heures, nous suivrons la route qu’arpente Sam Peckinpah, nous marcherons dans les traces formés par ses bottes tachées de sang. Et vous savez pourquoi elles le sont ?
Et bien parce que la nature humaine est ainsi, la paix n’a jamais existé et aucune amitié ne tiendra jamais dans cette époque de sauvages, alors les hommes se battent, se fusillent, ne se regardent plus, ne s’affrontent même plus, se tuent, aussi lâchement que cela puisse l’être.
On assiste donc à une histoire de retournement de veste et de trahison comme tant d’autres ont eu lieu durant cette partie de l’Histoire. Sauf que Peckinpah n’est pas dupe, celle-ci est particulièrement crève-cœur et en proie à une cruauté abondante.

Peckinpah se sert du caractère de ses deux figures principales pour dépeindre un portrait d’une Amérique noire rongée par la criminalité et par la corruption.
Il est évident que le caractère et la soudaine folie meurtrière qui envahie Pat Garrett vous rebutera, et c’est totalement voulu.
Peckinpah nous identifie directement à un personnage, Alias (chut… il n’a pas joué dans la série), le personnage de Bob Dylan, qui, telle une ombre d’homme, bascule entre le bien et le mal, entre la justice et la marginalité, entre la joie de vivre et la réalité.
A travers ses yeux nous pourrons donc observer James Coburn, vieux fumeur joueur de poker et pourtant, tout de même magistral. James Coburn représentant la raison, aussi cruelle soit elle, représentant la loi, la justice, qu’elle soit juste ou non.
Et tout comme Alias, nous nous rallierons à Billy, à Kris Kristofferson qui, malgré sa lâcheté et son vice, demeure droit et juste dans son raisonnement, plein de fougue, et prétendument, une des seules âmes capables de profiter de la vie comme il se doit.

Les humains sont fragiles et fourbes !

Quelques dollars de plus, et voila notre Pat Garrett shérif, faux-shérif.
Ne vous mettez pas le cure-dents dans l’œil (quoi c’est pas comme ça qu’on dit ?), Garrett n’est pas là pour l’argent, il a décidé de stopper sa carrière de truand de la plus belle des manières, en devenant celui qui les arrête. En trimbalant sa tête de salaud partout, dans le seul but d’en finir avec son passé, d’effacer ses faux pas. Mais c’est avant tout de la folie qui l’habite.

C’est ce monde qui est fou, cette poussière, ce sable, ce sang, ces flingues, c’est cette époque qui est folle, et Sam le sait très bien, et Sam veut nous le montrer, et Sam stylise ses ralentis dans le simple but de mieux faire passer le cacheton, pour nous empêcher d’être totalement traumatisé par cet amas d’ordure qu’est la nature humaine.

Sam a forcément raison, et je crois en ses intentions, et surtout cette histoire ne lâche plus mon cerveau, je revois la tête de vieux rabat-joie de Pat Garrett, je revois le visage tout jeune du Kid, ce visage tout juste post-pubère.
Et je me dis, à l’image de cette fabuleuse bande originale, que l’un des meilleurs moyens de rester droit, est de partir, de toquer à la porte du paradis. Pour le reste, pourquoi, et par qui on y a été envoyé, n’importe plus.
B0mbii
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le 12 août 2014

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B0mbii

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