Pathology
5.3
Pathology

Film de Marc Schoelermann (2008)

Ils jouent avec les langues, lèvres et yeux des morts, les font parler façon mime mortuaire. Draps étalés pour couvrir les visages. Froideur muette faussement hospitalière. La lumière jette son faisceau cru sur des corps rigidifiés et sans défense. Leur seul empereur, c'est l'empereur de la crème glacée. Ils iront tous en enfer, Juliette, Ted, Jake, en trouvant cela très excitant. En attendant, ils éventrent, jettent un oeil à l'intérieur des organes, se font des parties de basket avec. Les médecins doivent comprendre la nature des maladies, le processus serpentin qui les déclenche, leurs développements opaques et furtifs, à l'abri des cellules, et le cortège de conséquences factuelles qui s'ébroue avec.
Les bons pathologistes entrouvrent leurs mains sur ce qui pourrait se nommer divin, sans la moindre appréciation d'âme. C'est dans cette branche particulière de la pathologie dite médecine légale que l'inhumain et l'impersonnel se font les plus prégnants.
La perversion avec justification venue d'en haut, cette légitimité de la soif de connaissance, mélangée à la corruption de chairs fumantes.
Tous les moyens contre nature sont convoqués. A l'envers de toute sanctification, ils remontent jusqu'aux vers.
L'oxyde nitreux, bouteille d'alcool, ethonol, crack pour soutiens, dansant dans l'amertume de gestes pour charniers sur carrelages lisses. 4e Avenue, on tire dans le dos du premier venu, et yo, de nouvelles expérimentations pour le dimanche soir. Comprendo ?
Le Mal adjugé en scalpels. Griffin Cavenaugh le déclare, il y a un seul problème : pas de sympathie entre eux. Tout en réduisant la tête d'un cadavre, ils songent à leurs proies et ce qu'elle faisaient de leurs vies avant de s'échouer sur ces tables de dissection pour morgue déviante, où étaient-ils et dans quelles rues, quels transports en commun utilisaient-ils, quelle pornographie téléchargeaient-ils, ordonnant leurs vies déroutées dans quels catalogues manufacturés, quel type d'encaissement pour chèques de bien-être, quels gémissements pour quelles copulations, à s'en rendre malade, ces questions coagulées par l'humidité du dégoût.
Les stagiaires vomissent aux autopsies, il faut leur apprendre à ne pas couper dans le tuyau à merde, puis portent des toasts pour les morts.
Exactement. C'est un jeu pour eux.
Il y a 6,5 millions de personnes dans la ville, ils n'ont pas besoin de bonne raison pour faire ce qu'ils font. C'est dans leur nature de dépecer.
Au début, vous vous sentez coupable, mais ce n'est vraiment cela.
C'est juste la peur de se faire prendre. La peur encore fraîche.
La peur paranoïaque qui sait qu'ils vont tout perdre.
Ils devront regarder la télé, à la recherche de n'importe quelles nouvelles pour oublier, mais pas tout. Le lendemain matin, ce sera le même monde.
Réalisant que leurs éclaboussures sanglantes n'attirent guère l'attention mondaine, ils se sentiront comme des hommes nouveaux régnant sur une institution obscène et rentable, censément utile au savoir, un parc d'attraction pour tortionnaires virtuels, respectueux de tous les protocoles.
ThomasRoussot
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le 9 févr. 2014

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ThomasRoussot

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