Grattons un peu.

Difficile de rabaisser un film dans lequel trônent le courage, la souffrance et le mal-être. Difficile également d'éluder l'égocentrisme d'un artiste bien plus à l'aise dans le slam que dans la retranscription putassière des sentiments et d'une "après-vie" qui le contraignit à abandonner ses objectifs de carrière dans le sport. Si les premières minutes du film transmettent habilement les effets du choc émotionnel et les conséquences physiques, le reste du film se contente de suivre (petits) pas-à-pas la réhabilitation du corps et de l'esprit par le déterminisme, un glorieux jusqu'au-boutisme du protagoniste qui contrastera avec son petit entourage et ses personnages imparfaits, plus-l'aise dans la potacherie et le manque de confiance en soi que Ben le leader. Parfaitement à l'aise dans le cynisme et dans une géographie très réductrice de l'hôpital et du personnel, le film vire au "bande de potes-movie" style "les petits mouchoirs". Dans le monde de Ben les aide-soignants sont grossiers et pas respectueux pour un sou, les infirmières n'existent pas, les cadres sont trop francs, les couloirs de l'établissement sont particulièrement déserts, bref l'univers est incomplet et brièvement esquissé car le personnel hospitalier est peu digne de susciter l'intérêt du spectateur à part Ben-le-grand et ses copains interraciaux cools. Le seul personnage que l'on pourrait qualifier de personnage "Christien" est le fameux kiné de l'établissement, beau, à l'écoute et d'une patience à toute épreuve, il est même prêt à rester faire des heures supp pas payées, alors que l'on ironise volontiers sur le physique d'une aide-soignante ainsi que sur ses actes lorsqu'elle fait chuter le héros du récit avec un manque de professionnalisme indigne de la profession! Alors on se moque également pour faire de ce périple un moment agréable et sous couvert de ludisme, on apprend avec bonheur à faire la différence entre tetras et paras, on parle des TC (traumas crâniens), de la coprolalie (insultes en guise de vocabulaire) et d'autres maux afin d'en faire un spectacle de gloussement. De plus, Ben est le seul à qui la jolie para brune fait les yeux doux dans un monde volontiers misogyne (mais pas trop). On peut par contre saluer l'interprétation générale qui sonne juste, le rapport au temps idéalement rapporté, le rythme du film bien orchestré... Mais si Fabien avait des comptes à régler avec l'administration hospitalière il aurait dû saluer malgré tout le travail général du personnel au lieu de s'auto-satisfaire de son cheminement personnel et de dénigrer ces métiers mis-à-mal par les incessantes restrictions budgétaires de l'Etat.