Avec Paulette le fils de Robert Enrico, Jérôme, n'a rien à envier à son père responsable du fleuron du cinéma français des années 60-70. Quand son père dirige Bourvil, Lino Ventura et Marie Dubois dans les Grandes Gueules, son fils préfère s'attarder à réunir devant la caméra non pas les stars de son époque mais va puiser dans le passé des années 60 pour redonner vie à Bernadette Lafont, prostituée éternelle à l'écran. Le fait de faire un film avec une grand mère qui se la joue caïd et moins dépassé que la génération banlieusarde d'aujourd'hui relève du génie. Ou comment faire du neuf avec du vieux sachant que celui ci ne pourra jamais rajeunir. C'est l'inverse de la modernité et de la stigmatisation perpétuelle envers les jeunes qui est ici brillamment décrypté dans Paulette. Comment combattre la précarité ? Et bien en sombrant dans la précarité et la misère en abusant de celle ci. La fabrication des space cake n'a rien de malhonnête ici. Puisque elle se fait sur le dos de la misère, un enrichissement personnel. Nous avons donc à faire à deux contradictions. D'un côté devons nous céder à la moralité et condamner un trafic de drogue réalisé pour survivre et non pas pour vivre. Ou bien laisser supposer que c'est d'une banalité déconcertante et que nous devons absolument céder à la pression en légalisant le cannabis et les autres drogues. Voilà avec quoi le spectateur est toujours confronté. En plus d'être un savoureuse comédie c'est un film à dimension sociale genre totalement abandonné en France.