Ce film, le sixième de la filmographie de Dino Risi est sorti en Italie en 1956. La version restaurée actuellement visible (noir et blanc de qualité), permet de profiter dans les meilleures conditions d’un bel échantillon de la comédie à l’italienne.


A Rome, Romolo (Maurizio Arena) et Salvatore (Renato Salvatori) sont apparemment les plus vieux (17 ans) d’un groupe d’adolescents qui passent pas mal de temps dans la rue. Romolo et Salvatore sont voisins et ils ont chacun une sœur de 15 ans. Chacune des filles est amoureuse du copain du frère (qui la côtoie sans la voir), tandis que les garçons cherchent ailleurs et très maladroitement, puisqu’ils abordent toutes celles qu’ils croisent en espérant forcer la chance et obtenir les faveurs de l’une d’elles. Exemple avec la charmante Giovanna (Marisa Allasio) qui travaille dans une boutique de tailleur. Si elle ne les ignore pas, c’est pour les tourner en ridicule devant les copains. La glace étant rompue, Giovanna accepte un rendez-vous avec l’un d’eux !


Le nom de Dino Risi (1916-2008) est associé à quelques réussites : Le fanfaron (1962), Les monstres (1963), Parfum de femmes (1974). Ce film est bien dans son style, une comédie qui ne fait pas dans la finesse, mais fait bien rigoler par une succession de situations irrésistibles. De plus, Poveri ma belli (titre original) dépeint bien l’ambiance populaire de l’époque. Ainsi, Romolo et Salvatore passent de chez l’un à chez l’autre par l’extérieur de leurs habitations respectives (grâce à une sorte de balcon/terrasse), dans un immeuble où le père de l’un est un concierge quelque peu fatigué (il profite des allées et venues des différents locataires pour faire parvenir le courrier, sans s’inquiéter des éventuels retards). L’un des garçons prête son lit à un homme parce que leurs horaires de travail permettent cet arrangement rémunéré. Bien entendu, cette situation est prétexte à quelques inconvénients et source de gags.


En privilégieant l’aspect comédie, voici l’occasion de découvrir un film méconnu de Dino Risi. Ce qui gêne un peu, c’est l’esprit véhiculé. Les relations hommes/femmes sont présentées sous un jour qui allie les clichés et l’inconscience. Même si les garçons ne roulent pas des mécaniques, ils draguent à l’aveuglette et cherchent une fille, les sentiments se confondant avec la pure séduction. On remarque d’ailleurs que c’est aussi vrai côté féminin que côté masculin, puisque Giovanna se fiance avec l’un pour embrasser l’autre par pur plaisir dès que l’occasion se présente. L’amour selon Dino Risi est une farce certes, mais une farce assez sinistre quand on y réfléchit un peu. Si le cinéaste met les rieurs dans sa poche, il sous-entend (facilité réductrice), que certaines choses sont immuables : les hommes visent les femmes au petit bonheur la chance (au risque de se faire ridiculiser) et les femmes ne songent qu’à s’amuser, surtout elles sont capables de tomber amoureuses des pires salauds.


Longtemps on plaint Giovanna qui évoque son amour perdu avec des accents touchants. Quand on réalise de qui il s’agit, on se dit que si c’est ça l’amour, c’est à désespérer. Le pire, c’est que Giovanna est capable de lui retomber dans les bras alors qu’il vient de se montrer le pire des rétrogrades. La seule justification, c’est qu’elle l’a dans la peau et qu’elle a juste cherché à l’oublier en s’intéressant à Romolo et Salvatore.

Electron
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le 15 août 2015

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