Histoire d'une obsession : la quête de Pee-Wee Herman

Le film que vous apprêtez à voir est un film de commande pour les Studios Warner Bros réalisé par Tim Burton ; ça semble innocent mais ça vire ensuite au drame et à la folie. En d'autres termes :



This is Crack.



C'est l'histoire de Pee-Wee Herman, un original un peu ingénieur, un peu designer, un peu artiste loufoque sur les bords, avec une maison équipé d'instruments ménagers améliorés : jus d'orange express, œufs et bacon automatiques, toasts tout propres dans l'assiette... Mais bon ça sert à rien, il bouffe que deux-trois céréales le matin (mais ça reste drôle de voir ces "machines infernales en fonctionnement").


Pee-Wee Herman fait un peu homme-enfant et ressemble à Bob l'Éponge sur les bords. En tout cas, on voit d'où vient l'inspiration.


Pee-Wee Herman n'a qu'une fierté dans la vie : sa splendide bicyclette rouge toute-équipée et dernier cri, lui permettant d'aller en ville et de frimer devant ces fichus jeunes qui se la jouent. Seule ombre au tableau est ce grassouillet gosse de riche qui veut à tout prix se procurer sa bicyclette et ne supportant pas qu'on lui dise "Non".


On s'en doute, Pee-Wee lui a dit non, car il faudrait être encore plus dingue que Pee-Wee pour vendre une bicyclette pareille même pour tout l'or du monde (c'est une "édition limitée"). Et c'est là que commence le drame : alors que Pee-Wee se rendait chez le marchand de farces-et-attrapes pour profiter des derniers produits en vogue, et malgré un cadenas hyper-sécurisé... Pee-Wee s'est fait volé son vélo !


Choc ! Comment est-ce arrivé ? se dit Pee-Wee. La plus chose du monde dérobée sous les yeux de centaines de passants sans que quiconque ne s'en rende compte, terrible méfait ! Ni une, ni deux, Pee-Wee prévient la police, mais la maréchaussée est occupée sur des milliers de cas similaires et n'a pas signalé de vélos volés par de vils vauriens.


Pee-Wee devient alors limite fou, obsédé à l'idée de retrouver son bien : il erre dans les rues, suspecte tout le monde, devient jaloux du moindre cycliste et passe ses nerfs sur les imprudents qui lui cherche des noises dans les sombres allées ; quand des voyous le menaçent, Pee-Wee pousse un Skreee, et les malandrins s'enfuient.


Puis tout se fait clair dans son esprit : le seul qui a pu faire un crime pareil, le seul suspect logique, celui à qui profite le crime... c'était le gosse de riche ! Alors, que ce dernier profite de la vie dans son gigantesque bain, appréciant la vue de sa réplique de navire, le voici qui doit subir cette terrifiante vision :


Pee-Wee s'est introduit jusque dans sa salle de bain, tel un psychopathe poussé à bout, pour le boxer et le soumettre à la grande Inquisition :



Alors mon gros, qu'est-ce que t'as fais de mon vélo ??



Le gosse de riche promet alors qu'il n'y est pour rien, et le père du suspect jure aussi sur l'honneur que son enfant n'a rien fait. Mais ledit enfant n'a pas d'honneur :


C'était bien lui le coupable, du moins le commanditaire. Le voleur n'est autre qu'un punk, chargé de prendre la bicyclette pour la vendre quelque part entre le Texas et la Californie pour faire rager Pee-Wee.


Pee-Wee est donc lancé sur une piste qui lui dit que son vélo est à San Antonio, dans les souterrains sous la Mission d'Alamo. Il fait alors de l'auto-stop jusque là-bas, ignorant que son vélo est en fait en route vers les Studios Warner Bros en Californie.


Mais qu'à cela ne tienne, Pee-Wee commence alors sa grande aventure : il aide un prisonnier à s'enfuir et doit traverser une forêt dans la pénombre. Sa première rencontre hors de sa ville était pas très bonne, mais tomber nez-à-nez avec la faune locale, composé d'ours, de pumas et de ratons-laveurs (les pires du tas) n'est pas très encourageant.


D'autant pire qu'il est pris en auto-stop par une camionneuse qui lui raconte la terrible histoire de Large Marge, morte dans un accident de la route et lui fait une grosse frayeur digne des plus grands films d'épouvante. Mais quand il se réfugie dans un bar près des Calbazon Dinosaurs, les tenanciers sont unanimes :


Il a rencontré le fantôme de Large Marge en personne, qui ressemblait exactement à la camionneuse qui l'a recueilli.


Plus tard, il a rendez-vous avec une serveuse dans la gueule du T-Rex des California Dinosaurs (qui rappelle cette scène dans Fallout New Vegas, celle avec le sniper Boone), parce qu'elle connait le chemin vers San Antonio et parce qu'elle voulait lui parler de son rêve d'aller à Paris.


Mais ce n'est pas du goût de son fiancé qui le pourchasse à coup d'os de dino géant tel un Bud Spencer en colère. Heureusement, Pee-Wee s'enfuit et se retrouve dans un autre bar, mais il fait tomber les motos. Les motards du coin le menacent de mort et lui demandent s'il a une dernière volonté. Pee-Wee, qui a avait pourtant maté pire que ça, prend peur mais obtient de réaliser ladite volonté :


Mettre des talons digne du groupe Kiss et danser sur Tequila de The Champs.


Étrangement, les motards apprécient le numéro de danse et ils deviennent frères de sang. Il arrrive enfin à San Antonia mais apprend qu'on lui a menti : il n'y a jamais eu de souterrains sous la mission Alamo. Mais Pee-Wee doit encore échapper au fiancée de la serveuse qui l'a pourchassé jusqu'ici. Il se réfugie alors dans un rodéo, bat un record d'État mais se retrouve hospitalisé par le taureau qu'il chevauchait (le même taureau chassera le fiancée malandrin, par chance).


Mais la vie et la quête de Pee-Wee ne sont pas terminés, il rêve toujours de retrouver son bien le plus précieux : son vélo rouge. Il cauchemarde même à l'idée que quelqu'un d'autre ose en profiter impunément.


Mais à l'aide de ses copains motards venus se recueillir à son chevet, il retrouve la trace de son vélo dans les Studios Warner Bros :


Le gosse de riche et le punk l'avait vendu à un film pour une scène où un enfant-star quitte un orphelinat à l'aide d'un cyclomoteur rouge (le vélo volé de Pee-Wee Herman). S'ensuit une scène que les témoins ont beaucoup de mal à décrire, impliquant le Père Noël kidnappant Godzilla et faisant un carambolage sur la voiture de Dee Snider.


La quête de Pee-Wee Herman s'achève sur une course-poursuite avec les autorités des Studios. Beaucoup de dégâts eurent lieu. Il faut dire que Pee-Wee n'allait pas se laisser prendre vivant. Mais il est pardonné de son geste, ayant écouté son devoir avant tout en sauvant des animaux d'une animalerie incendiée, y compris des serpents servant pour des films d'aventures.


Le directeur du studio comprend que le vélo rouge était la propriété légale de Pee-Wee, mais ce dernier a fait beaucoup de dégâts. En échange de son vélo, Pee-Wee vend son histoire à Warner Bros, qui en fait un film à la James Bond.


L'obession de Pee-Wee Herman prend donc fin grâce à cette restitution, malgré un bon film étant une piètre reconstitution (mais pour Warner une compensation, voire une Warnerception).


C'est ainsi que la quête de Pee-Wee se termine...




Et sinon, pour avoir un avis plus subjectif : je trouve que le film est très drôle, et même si ça fait pub gratuite pour les studios Warner et travail de commande de la part de Tim Burton (qui a dernièrement fait un Dumbo en live à l'air fade sur commande - comme quoi Burton faisait tout mieux même avant), on sent qu'il y a de la vision d'artiste de la part de ce dernier et une interprétation intéressante sur le personnage de Pee-Wee (qui fait une prestation marrante lui-même).


Mélange d'expressionnisme burtonien mais aussi d'humour classique, le film mérite son titre puisque même si c'est juste l'histoire d'un type voulant son vélo volé, c'est décrit et dépeint comme la Grande Aventure de Pee-Wee Herman et ça donne envie de voir ses autres péripéties tellement on a de la sympathie pour le personnage...

darevenin
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Big Lipped Alligator Movies !, Les adaptations "cachées" de jeux vidéo en films et vice-versa et 2019 : Mes Chroniques Filmographiques

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le 10 mars 2019

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darevenin

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