A travers le documentaire Peggy Guggenheim, la collectionneuse, c’est la vie fascinante d’une riche héritière et de toute l’histoire de l’art avant-gardiste qui nous est contée.


Les documentaires ont cette particularité de faire partager une connaissance aux spectateurs, mais aussi de les émouvoir, tout en leur permettant une ouverture au monde, à l’histoire et à la culture. En ce sens, PEGGY GUGGENHEIM, LA COLLECTIONNEUSE remplit parfaitement ces différents rôles. Grâce à une mise en scène dynamique, la réalisatrice Lisa Immordino Vreeland parvient à retranscrire le tourbillon de la vie de cette héritière de la famille Guggenheim, richissime famille juive américaine. Elle donne à voir les étapes importantes de sa vie en cinq tableaux marquants, depuis son enfance jusqu’à sa dernière demeure à Venise. Car lorsque l’on pense à cette femme, on pense évidemment à sa magnifique Collection Peggy Guggenheim sur la lagune vénète, qui abrite plus de trois cent œuvres d’une centaine d’artistes. Peggy y est d’ailleurs enterrée et il se murmure que son âme erre encore dans les allées abritées de son jardin.


Peggy Guggenheim est une femme hors du commun non conformiste, dont le nom était parfois bien lourd à porter même s’il lui permettait de profiter de son rang et de sa fortune. Elle est reconnue pour être la plus grande collectionneuse des œuvres des artistes avant-gardistes du XXème siècle, aussi bien européens qu’américains. Le documentaire détaille la façon dont elle s’y est prise au fil des années, ne se contentant pas d’acheter ou d’exposer leurs toiles ou sculptures. Elle s’est comportée en véritable mécène, et grâce à son flair et de bons conseils d’amis artistes, elle a su les découvrir, révéler leur talent, les mettre en valeur et les soutenir financièrement. Elle en a même sauvés quelques uns pendant la guerre -artistes et œuvres – ou en a épousés. Ce qui est aussi très intéressant dans PEGGY GUGGENHEIM, LA COLLECTIONNEUSE, c’est la proximité d’artistes et de leur art que le documentaire, à travers Peggy, propose de côtoyer et donc, par ricochet, de mieux connaître. Pour ne citer qu’eux : Picasso, Miro, Max Ernst, Breton, Giacometti, Man Ray, James Joyce, Cocteau, Dali, de Chirico, Magritte, Marcel Duchamp, Kandinsky, Léger, Mondrian, Pollock…


Tous les pans de la personnalité complexe et mystérieuse de Peggy sont abordés. Elle y apparaît en héritière, excentrique, autodidacte, audacieuse, féministe avant l’heure, indépendante, intellectuelle, moderne, envoûtante, sensuelle, assumant une vie sexuelle considérée comme débridée, solitaire, timide et pourtant, bien que très entourée, finalement très seule. Les drames qui jalonnent sa vie (qui commencent par la mort de son père dans le naufrage du Titanic) ou ses difficultés relationnelles avec ses deux enfants ne sont pas occultés, car ils ont aussi forgé son caractère et ses choix de vie. Certains penseront que la réalisatrice transmet énormément, voire trop, d’informations en très peu de temps, par différents vecteurs, qui risquent d’être un peu difficiles à assimiler en une seule fois par un spectateur non initié.


Néanmoins les nombreux témoignages émouvants sur sa vie et sur celle des artistes, auxquels se mêlent les musiques judicieusement choisies, rythment agréablement les images d’archives de l’époque ou de Peggy. Mais ce sont surtout les enregistrements de sa dernière interview faite par sa biographe Jacqueline Bogard qui font la force de PEGGY GUGGENHEIM, LA COLLECTIONNEUSE. Longtemps perdus, ils ont été retrouvés par la réalisatrice et on ne peut qu’être ému par les paroles de Peggy. D’une voix tantôt monotone, tantôt animée qui la rend si proche, elle ne livre certes pas toute sa vérité mais permet de mieux saisir le regard lucide qu’elle n’a jamais cessé de porter sur sa propre vie, si fascinante, tout à l’art et à l’amour dédiée.


Par Sylvie-Noëlle pour Le Blog du Cinéma

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le 2 août 2017

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