Pour le nouveau film de Wim Wenders, à la sortie de la salle tout le monde donnera sa petite analyse sur un détail particulier qu’il a adoré dans le film, et mettra globalement en avant la qualité esthétique du film dans le choix des acteurs, des décors, des petits détails esthétiquement attractifs comme la couleur des vêtements, la forme des voitures, l’architecture des toilettes publiques ayant offert à chacun une expérience contemplative séduisante pendante deux heures.
Mais voilà, après cela, qu’est-ce qu’il en reste ? Contrairement à la plupart des films japonais qui exploitent la lenteur des corps pour exprimer la détresse du réalisateur, dont l'art est souvent condensé dans un monde en constante évolution, ce film donne l'impression que Wim Wenders n'exprime pas grand-chose quant à sa propre personne.
Finalement ce film parait presque comme une parodie de cinéma japonais, amplifiant et exhibant tous les traits distinctifs des réalisateurs japonais qui l’ont influencé. C’est tangible avec Ozu, on le sait depuis longtemps qu’il a eu une grande influence sur lui, il a même réalisé un film documentaire peu connu qui parle de ce grand monsieur (Tokyo-Ga). Mais je pense également à Takeshi Kitano à propos de la manière dont ce dernier à traiter du thème du silence (notamment à ce petit chef d’œuvre qu’est « a scene at the sea ») ou encore à Kore Eda.
Mais foncièrement, appart la preuve d’amour réelle que porte Wim Wenders à ces réalisateurs, ce film ne dit rien. Oui l’acteur principal est bon dans le registre qui est le sien, et on se prend à apprécier l’œuvre dans sa globalité (notamment le très beau passage de l’handicapé à la recherche du jeune employeur à qui il vient tirer les oreilles). Mais on reste dans le flou quant à la véritable intention du réalisateur, ce qui se traduit par un plan final un peu grossier (illustrant le nouveau départ avec une larme à l'œil)
Bref ce film avait esthétiquement tout pour être réussi, et il l’a été par certains côtés. Il manquait simplement une certaine originalité et une vision à son réalisateur.