Le printemps tarde, les saisons se décalent, mais une chose est sûr : la fête des mères arrive en avance cette année. C'est légèrement avant la sur-popularisation du mouvement Cougar que parait Grandmothers de Doris Lessing. Et cette année, ce n'est pas sans surprise qu'Anne Fontaine se lance dans l'adaptation du livre. Si le projet est très périlleux, la réalisatrice s'en tire avec les honneurs, avec en prime un beau casting.

C'est en Australie que Perfect Mothers fait son nid, la destination fait rêver, et c'est le but. Le film, sensible, rend compte d'une évolution des mœurs par le spectre d'un cas particulier et limite incestueux. Deux très belle femmes abordent la pente descendante de leur vie. Amies d'enfance que rien ne sépare, surtout pas leurs fils du même âge. Chacune semble être le reflet de l'autre. La métaphore du miroir sera par ailleurs filée tout au long du film, mêmes caractères, mêmes fondus enchaînés liant les deux générations. L'absence de pères fait naître l'occasion, que l'un des éphèbes puis l'autre saisissent à bras le corps. Ça y est on a échangé nos mamans. Mais les secrets ne le restent pas bien longtemps et surprise : pas de scandale. Au contraire le nouvel ordre est vite assumé par chacunes des parties. C'est la dolce vita dans cette crique australienne.

Le reste du monde est complètement exclu de l'univers crée par ses deux mères. Elles et leurs progéniture suffisent à leur bien-être. Lil (Naomi Watts) va même jusqu'à exclure un prétendant pour son jeune éphèbe. Il faudra attendre le dernier tier du film pour que les amateurs de MILF émettent la possibilité d'une relation convenue. Bien qu'elles soient en mal d'affection et de fraîcheur, celles-ci ne sont pas vampiriques pour autant, bien que la question de « tu me vois vieillir peu à peu mais toi tu as toute la vie » finira par se poser.

Tout comme Entre ses mains, le sujet est grave et pourrait déraper en drame familial, mais Anne Fontaine rectifie le tir. Son traitement est léger et ne plombe jamais ses personnages. On fixe leur beauté, sans fard. La sensualité est bel et bien là, mais l'eau est parfois trop claire pour qu'on puisse y croire totalement. L'effet miroir quasi parfait de l'évolution de Lil, Roz et leurs fils, tout au long du film est troublante. On l'aura compris, si Anne Fontaine écarte de nombreuses pistes ce n'est que pour saisir et transmettre le sensible. La morale n'est pas ce qui l'intéresse. Tout discours sociologique pouvant rattacher nos mères parfaites au phénomène de société que sont devenues MILF, cougars et autre maman de Stifler, est exclu. Pas de grand débat ni de jugement moral. Seules les rides naissantes sont célébrées.

Le film s'inscrit comme une ode des quadras dans une filmographie qui a ses hauts et ses bas. On sait à quoi ressemble le désir mais on ne sait pas comment il naît, ni surtout comment il tient. Pourquoi deux êtres sont-ils attirés l'un par l'autre alors qu'à priori tout les oppose ? La question était déjà posée dans le loin-d'être-mauvais La fille de Monaco. Même s'il n'est pas exempt de défauts le résultat reste satisfaisant. L'expatriation à parfois du bon, la réalisatrice qui nous offre un film sensible et sincère. Perfect Mothers est une histoire d'amours à la dérive, qui mène nul part, et se laisse porter par les vagues. Les mêmes scènes sont rejouées encore et encore comme un refrain, triste écho d'un premier amour impossible.
Zède
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le 17 avr. 2013

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