Pur produit de la "contre-culture" made in cia.
Il sera pour toujours difficile de connaître le fin mot du pourquoi la cia a-t-elle insidieusement propagé le psychédélisme tout en le combattant officiellement (?)
Certes, il s'agissait de torpiller les mouvements hippies engagés politiquement contre la guerre au Vietnam en leur fabriquant de nouvelles idoles versées vers les hallucinogènes et le sexe. Et ça a bien moussé et le Flower-power a cédé le pas a une révolution intérieur, dans sa tête et dans ses clans.
Avec "Performance", on est dans l'exportation du phénomène vers l'Europe. Si ça a moussé aux usa, il y aura certainement moyen de détourner la jeunesse rebelle outre-Atlantique de ses aspirations à perturber, voire renverser l'ordre établi par les anciens. Les Beatles ont déjà virés aux longues douilles (il y a peu, ils étaient cravatés, coupes au bol, ils n'ont pas suivi la mode hippie, ils ont servi à la faire suivre) mais ils se doivent d'être restés des "bons garçons", même s'il y va de quelques provocations, de la prise de drogue à de "discrets" symboles d'affiliations obscures, il ne s'agissait de rien de trash ou d'obscène, ce n'était pas du tout leur rôle.


On nous lâche donc dans ce film les standards u.s auxquels sont supposés s'identifier (ou tomber en fascination) les jeunes d'alors.
Ça envoie grassement du placement de produit vers ce publique (Kellog's, Polaroïd, jusqu'aux compléments de vitamines B-12, ...) et de l'idéologie consumériste (drogues, armes, se filmer en super 8, maquillages, fringues excentriques, idées déco, matos de karaoke, comportement poète-schizo, ...). Tout les atours sont ceux d'une révolte alors qu'à l'analyse, il s'agit, comme pour tant de productions "similaires" (Hair, Easy rider, Taking off,...), d'une promotion subliminale en faveur de la normalité derrière un récit qui semble libertaire. Le super marginal se laisse à tout les coups séduire par la toute normalité d'un héros crétin, c'est la normalité qui le vainc.


Ceux/celles habités par une soif de transgression y trouveront des modèles propres à se prendre la tête avec les parents, profs etc. réacs. et les bien-pensant/es à gonfler leur critique de la dépravation. Le film est un parcours initiatique, celui d'un maffioso au pays des babas mais ce parcours s'adresse à tous/toutes..


Bref "Performance" éduque à devenir "cool", ici, une nation protestante "avec un parapluie dans le cul" comme ils/elles aiment s'auto-critiquer. Et cette coolitude terrorise la génération précédente de peur que leur fille n'aille se dépraver avec un chevelu dans chaque trou, avec autant de Charles Manson qui fleurissent à London.


Mais le film doit avoir une autre lecture, où on nous montre qu'il est aisé d'infiltrer les hippies, tant ils ont la tronche sur une autre planète. Certes, pour le quidam, le risque de prendre des produits psychotropes, ce dont on se remet. Mais à quoi bon "infiltrer" un musicien excentrique et défoncé ? même s'il n'y a pas de mission dans ce sens, on est bien face à cette démonstration.


L'idée de devenir super-def 24h/24 en portant des robes et en se maquillant outrancièrement ne germe pas forcément dans l'esprit de tout-le-monde comme ça, spontanément, ou après avoir vu un film, aimé un morceau. Ne pas travailler et simultanément accueillir, nourrir et entretenir du monde à ravitailler en drogue n'est pas donné à tout-le-monde, surtout quand la "mode" vient de loin et qu'on est complet marginal dans une ville puritaine où seuls quelques jeunes adoptent ces nouveaux comportements et styles.


C'est pourquoi, les personnages charismatiques "qui pouvaient se le permettre" étaient vraisemblablement placés là, des "agents" et qu'ils promouvaient ce à quoi ils étaient voués: drogues, sexe, musique, non-idéologie politique autre que "legalise" ou "let us free". Les initiatives collectives sont venues plus tard, dans un second temps car il s'agissait d'indiquer la direction à suivre avant de laisser la propagation se faire d'elle-même. On a donc les mêmes standards uniformisés qui ont émergés simultanément un peu partout.


Ça n'aurait juste jamais marché sans un coup-de-pouce de départ, c'est là où "la société du spectacle" sait y faire, fabriquant nos rêves tout en nous insufflant, vertueuse, qu'on ne doit pas renoncer à ses rêves.


Mick Jagger est un pure produit d'"opération psychologique" qui n'a jamais vraiment pris sa retraite comme les Beatles ou Elvis... Il joue là en tant que tel car le personnage qu'il incarne a tout de "l'agent" contre-culturel, placé incognito par la cia. Laisse venir à soi "la maffia".
Or, il semble actuellement clair qu'en fait de "maffia", depuis les années Kennedy, la cia a repris toutes les rennes et interprète elle-même ce rôle dans la société américaine. La "maffia" est une métaphore du "mauvais garçon" à l'esprit des spectateur/trices, un archétype de déviance, d'écart du "droit chemin". Ce sont justement ceux-là qui sont bienvenu/es dans les temples beatniks, en vue de les récupérer, canaliser ou de les faire taire. Et ça le fait, notre maffieux tombe là par-hasard et est petit-à-petit séduit par tout ça.


À un certain degré de lecture, c'est juste un agent d'un autre service qui est venu contrôler si tout se passait bien chez Mr Big Mouth. À un autre, on nous dit que c'est cool chez les def's, on peut se livrer, c'est presque un confessionnal, surtout la fille au pieu, et qu'en gros, ils sont créatifs, allumés jusqu'au trognon avec une vision poético-chamanique séduisante, d'une certaine violence pacifiste suave et enfumée. Plus que tout, ils sont "intègres" et de confiance pour les bad boys car ils évitent la police.


Cet article et sa rubrique "contre-culture" sont bien documentés sur les débuts du psychédélisme:
http://triangle.eklablog.com/le-village-des-damnes-a117456396


Notons qu'on a aussi une bonne vieille allusion pédo vers la fin.
Il couche avec la copine française à cheveux courts, certes jeune genre 18 ans et lui dit :
"Hu hu hu, tu n'as pas de sein, tu es toute maigre, on dirait un petit garçon. Allé, viens là que j'te ..."


Bizarre film en tout cas, rempli de symboles, de plans (flou/zooms/enchaînement) super-tordus, avec une part significative laissée à un Mick Jagger de caricature, qui chante des chansons et tout et tout. Je suis pas du tout fan mais il y a son blues à la gratte où il semble plutôt authentique ... même si pas spécialement talentueux...

tobor
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le 12 janv. 2017

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tobor

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