Court d'Histoire, long de clichés.
Je partais avec un a priori négatif. Après quelques minutes, j'ai révisé mon jugement pour apprécier l'univers pas si niais et rondouillard que j'imaginais. Puis je me suis ravisé. Tout au contraire, mes préjugés sont loin de tous s'être avérés faux : sous le cours d'Histoire politique Iranienne du siècle passé, Persepolis est bel et bien un film à divertissement simple et réducteur. Quand certaines scènes pourraient couper le fromage au carré, le film prend la tangente en coupant à travers champ. Dommage, car Persepolis perd de sa crédibilité lorsqu'il appelle dès le début à combattre les extrémismes de toute sorte. Etrange manière d'appeler les gens à la Raison quand il choisit le biais du manichéisme et de la caricature... A l'image de ce noir et blanc quasi-omniprésent. Je veux bien admettre qu'il s'agit d'un style, et qu'en ce sens le film est entièrement cohérent avec l'oeuvre d'origine, mais aussi le postulat qu'il développe.
Mais à vouloir tracer de trop grosses pistes pour nous les faire avaler en eaux de boudin, il perd de sa superbe et de son intérêt à mesure que l'intrigue d'une vie racontée de l'enfance au début de l'âge adulte défile. La petite histoire d'amours contrariées prend alors le pas sur la grande Histoire, qui cède sa place à des considérations et vérités générales pessimistes du style « sois intègre à toi-même » ou « en Europe tu peux crever dans la rue, tout le monde s'en fout ». A force de faire le malin qui se démarque, le film tombe dans le commun et l'aseptisé. Une flopée d'éjaculations précoces pour chier une nouvelle fois sur les barbus ? Je pense. D'accord, le film est pas mal axé sur l'humour, qu'on y adhère ou pas. OK, il a ce cynisme et cet humour noir que pourtant j'affectionne tant... Mais rien n'y fait, ça ne cache pas ses vilains défauts comme cette verrue de sagesse sur le pif de Marjane.
Persep' est agréable pour la leçon d'histoire servie pour pas cher en terme de temps, mais c'est à se demander quelle est la réelle valeur ajoutée par rapport à un « Il était une fois l'histoire » matable un matin de lève-tôt sur Gulli. Là j'aurais au moins de quoi m'instruire sans avoir à me taper des histoires d'amours à 2 francs 50 fades et simplettes, fussent-elles malheureuses. D'ailleurs, quitte à avoir l'expérience d'un film profond et assez lent pour développer une atmosphère et une psychologie, autant se rabattre sur l'autre animé nommé Valse avec Bachir, qui lui au moins présentait un intérêt cinématographique tout en étant didactique. Aujourd'hui le vrai problème, c'est que la pognophobie est bien là, vivante, et ça tout le monde s'en fout.
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