Depuis quelques temps, la boîte aux grandes oreilles dépoussière la plupart de ses vieux classiques des cartons pour en faire des remakes en live, et nous sommes tous arrivés à la même opinion : c'est une bien fâcheuse manie car non seulement ça se fait assez souvent au détriment de projet originaux, mais en plus ils n'hésitent pas à annoncer des remakes complètement improbables comme Merlin l'enchanteur ou Winnie l'ourson (sans doute le plus improbable de tous). Même si ça avait donné du bon, il faut le reconnaître, comme Le livre de la jungle de Jon Favreau sorti plus tôt dans l'année. Mais malgré ses qualités, une question est restée sur les lèvres à la fin. Est-ce que ça valait vraiment la peine d'en faire un remake ? Car même si le film instaurait de nouvelles idées intéressantes, il ne pouvait pas s'empêcher la scène suivante de faire allusion à son illustre modèle, comme s'il essayait de s'en détacher sans le pouvoir complètement.


Peter et Elliott le dragon de David Lowery change complètement la donne. L'idée même de faire un remake de Peter et Elliott le dragon pouvait quand même sembler étrange puisque le film de base est loin d'être parmi les Disney les mieux estimés même s'il s'est récolté une petite fanbase, mais sur le coup, la boîte a eu une lumineuse idée. Ainsi, Peter et Eliott le dragon version 2016 est moins un remake qu'une réinvention complète du film de Don Chaffey. La différence entre les deux films est quasi totale, tant dans le fond que dans la forme. Ici, Peter est un enfant qui a grandi pendant six ans dans la forêt avec son ami Elliott le dragon après la mort de ses parents dans un accident de la route (décidément, même en film live les parents dans les Disney n'ont pas beaucoup de chance).


Et aussi bizarre que cela puisse paraître, on a affaire à quelque chose d'assez terre-à-terre dans le fond, ce qui n'est pas une mauvaise chose. Le film narre l'amitié entre Peter et Elliott qui va être mise à mal par la découverte de la civilisation pour Peter et les employés d'une scierie qui découvrent l'existence d'Elliott et qui n'hésiteront pas à se l'approprier pour devenir célèbres. En soi, l'évolution de l'intrigue n'est pas vraiment surprenante, mais ça ne veut pas dire qu'elle ne fonctionne pas, bien au contraire. Que ce soit dans le scénario où dans la mise en scène, tout est fait avec une telle simplicité et une telle sincérité que l'émotion n'a pas trop de mal à gagner le spectateur.


Le réalisateur David Lowery est clairement un réalisateur à suivre, sa mise en scène est très efficace, comme je l'ai dit, elle regorge de simplicité, et ainsi, elle permet de donner plus de charme à l'histoire, et plus de beauté et de vie aux images. Les relations qu'il met en place sont très bien gérées et fonctionnent de fort belle manière, que ce soit entre Peter et Elliott ou Peter et la famille de Grace qui est pour lui une famille de substitution et un moyen de renouer les liens avec la civilisation qu'il n'avait plus jamais vu depuis la mort de ses parents.


Et si les relations marchent autant, c'est également parce qu'on sent que les personnages sont crédibles. On croit à leurs actions, à leurs personnalités, on sent qu'ils existent. On croit à la volonté de Grace d'aider Peter, on croit au méchant qui n'est pas quelqu'un totalement dépourvu d'humanité, on croit à Peter et à son dilemme entre le choix de la civilisation et le choix de rester avec Elliott. Le casting aide également beaucoup, il est d'excellente facture, notamment la belle Bryce Dallas Howard et le vénérable Robert Redford. Et après Neel Sethi dans Le livre de la jungle, Disney nous livre une nouvelle fois un jeune acteur plein de promesses en la personne de Oakes Fegley dans le rôle de Peter.


Quant à Elliott, il est absolument adorable. Entièrement fait en images de synthèses réussies, le dragon est très attachant, on retiendra également ses airs de chien géant qui ne cherche qu'à rester près de son maître et son côté expressif très réussi (là où ça blessait un peu du côté du Livre de la jungle dû au fait que les animaux avait pour la plupart un design ultra réaliste). Il n'hésite pas non plus à montrer qu'il veut le bien-être de son maître.


Ce qui se voit dans la scène finale avec les adieux déchirants entre le garçon et le dragon, où Elliott réussit à montrer à Peter qu'il doit rester avec la famille de Grace pour rester en sécurité tandis que le dragon est obligé de partir à cause du fait qu'il soit pourchassé par les hommes.


Ainsi, le dragon est bien plus qu'une grosse peluche qu'on a envie de câliner. Il montre lui aussi qu'il existe bel et bien, on s'aperçoit vraiment de la force de ses liens avec le jeune garçon. J'aimerai également souligner la force de la scène où il découvre les employés de la scierie avec le livre de Peter dans les mains. On sent bien qu'il s'inquiète pour Peter, et on sent également sa colère dans la scène. Un des exploits du film vient bien du fait qu'il réussisse à user d'un personnage féerique et fantastique pour développer de belle manière une intrigue humaine et réaliste au possible, avec ses thématiques propres qui ont le mérite d'exister, en plus de celui de fonctionner.


Le film prend également le soin d'aller à un rythme efficace. Il prend son temps quand il le faut, il envoie quelques scènes qui bougent au moment propice (la scène sur le pont est très efficace), et il sait y faire en terme d'émotion. Le côté moins fantaisiste et plus réaliste du film joue beaucoup sans doute, il bénéficie en tout cas de plusieurs scènes qui peuvent réussir à tirer quelques larmes aux plus jeunes comme aux plus grands.


Enfin, la musique de Daniel Hart accompagne les images de fort belle manière. Elle sait s'incruster parfaitement à chaque situation. Personnellement j'ai un petit faible pour le morceau joué lors de la scène sur le pont. On retiendra également la très jolie chanson Something Wild jouée lors du générique de fin.


Au final, ce Peter et Elliott le dragon est une magnifique surprise. Loin d'être un simple remake facile et qui ne sert à rien, le film est une très belle réinvention du mythe, à la fois simple et sincère, dont le réalisme de l'intrigue se marie à merveille avec cette amitié hors-normes entre Peter et Elliott. La magie de Disney continue d'opérer et de me laisser un sourire béat sur le visage avec ce film d'une tendresse indéniable et d'une émotion sans faille. Je laisse le mot de la fin à Robert Redford : "C'était magique".

NickCortex
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes 2016 sur pellicule, Les meilleurs films de 2016, Le fric, c'est chic, Vous avez tort... et le tort tue ! et 30 Day Disney Movie Challenge

Créée

le 21 août 2016

Critique lue 1.7K fois

33 j'aime

2 commentaires

Nick_Cortex

Écrit par

Critique lue 1.7K fois

33
2

D'autres avis sur Peter et Elliott le Dragon

Peter et Elliott le Dragon
NickCortex
8

Dragonheart

Depuis quelques temps, la boîte aux grandes oreilles dépoussière la plupart de ses vieux classiques des cartons pour en faire des remakes en live, et nous sommes tous arrivés à la même opinion :...

le 21 août 2016

33 j'aime

2

Peter et Elliott le Dragon
Walter-Mouse
8

Un remake qui vole de ses propres ailes

Je vais être franc. Lors de son annonce, je n'attendais absolument rien de ce projet de remake de Peter et Elliott le Dragon. Déjà parce que cette vilaine manie que Disney a actuellement de refaire...

le 15 août 2016

32 j'aime

4

Peter et Elliott le Dragon
Alyson_Jensen
3

Peter et Cetelem le dragon

Depuis quelques années déjà, le groupe Disney s'est lancé dans une opération de restauration « live » de ses classiques animés. Maléfique a ainsi ouvert la voie, suivit de Cendrillon et du...

le 22 nov. 2016

20 j'aime

1

Du même critique

Ready Player One
NickCortex
8

Wade Watts and the Virtual Factory

Bon, je ne vais pas y aller par quatre chemins. Steven Spielberg, c'est un peu à mes yeux un des plus grands héros du cinéma, une des plus grandes preuves que les films peuvent fournir du rêve en...

le 29 mars 2018

102 j'aime

17

La La Land
NickCortex
9

Oh La La !

Damien Chazelle, ce nom n'aurait sûrement rien dit à beaucoup d'entre nous avant que débarque, en 2014, le phénomène (et excellent film) Whiplash qui a soufflé beaucoup de monde sur son passage. Et...

le 29 janv. 2017

81 j'aime

11

Suicide Squad
NickCortex
2

Naughty but nice

Août 2016. Je discute par SMS avec une grande amie à moi que je n'ai pas revu depuis un an. Je lui propose un petit cinéma, et elle accepte. Elle a envie de voir Suicide Squad (en grande partie pour...

le 11 sept. 2016

75 j'aime

18