Majoritairement superbe bien qu'inégal dans son contenu

Aujourd'hui encore, Peter Pan version Disney et Hook sont considérés comme les meilleures adaptations de l'histoire de l'enfant ne voulant jamais grandir.
Preuve en est (surtout pour le 1er) qu'un remake Disney Peter Pan et Wendy est en projet d'adaptation.


Mais au milieu de tout ça, il y a une pépite que tout le monde semble avoir oublié. Il s'agit de Peter Pan sorti il y a bientôt vingt ans en 2003; version plus proche que celle de l'histoire originale bien loin de la vision manichéenne de Disney.
En effet, s'il y a bien quelques clins d'oeil à la version du studio de la souris aux grandes oreilles


Le chapeau de Jean (dans le film appelé John comme dans l'oeuvre originale), le costume rouge du Capitaine Crochet présent également dans Hook


, le Peter de cette version est bien plus proche de celui de J.M Barrie; brillamment interprété par le Jeremy Sumpter rendant tellement antipathique, psychopathe limite sans-coeur qu'à côté de lui, le Peter de Disney (interprété par Hervé Rey ) pourrait vous sembler sympathique et responsable. Sans compter le fait qu'il est totalement l'inverse du Peter Pan de Hook (interprété par le regretté Robin Williams ) qui était trop adulte au point d'en être détestable là où le Peter de ce film veut rester un enfant de manière dangereuse au point d'être plus qu'irresponsable.


Et chose très triste, là où le Peter Pan de Hook a droit à une rédemption en retrouvant sa part d'enfance tout en étant un adulte dans le bon sens, celui de ce film ne pourra jamais évoluer constamment terrifié par l'âge adulte et où rester un enfant sans pouvoir envisager que l'on peut être un adulte avec une âme d'enfant a un prix terrible: la solitude.


En ce qui concerne la Wendy de ce film, cette dernière est bien plus intéressante que la potiche du film d'animation misogyne ne faisant pas voir la vie en couleurs aux petites filles. En effet, des petites libertés rafraîchissantes sont prises par rapport au livre origine. Rachel Hurd-Wood interprète une Wendy transformant les histoires de Princesses dociles se rendant au bal pour rencontrer leurs Princes en histoires d'aventures avec des héroïnes combattant des pirates, une enfant courageuse à qui Peter préfère enseigner le combat à l'épée et la laissant se rendre sur le champ de bataille plutôt que comment être une ménagère restant toujours derrière les garçons, ne la mettant dans un rôle de maman que s'il se mets lui-même dans un rôle de papa (chose inenvisageable dans les autres adaptations où il traitait Wendy comme une maman à la manière d'un Garçon Perdu)


Aspect plutôt intéressant car Peter prend ce rôle en le traitant tel un jeu infantile du papa et de la maman fait par des enfants imitant leurs parents ou en utilisant des poupées sans savoir comment fonctionne de vrais parents pour autant afin de bien rester dans l'esprit du Pays Imaginaire avec les enfants n'y grandissant jamais.


En dehors des enfants-acteur, le reste du casting est bien approprié. Jason Isaacs interprétant à la fois le père de Wendy et un Capitaine Crochet purement menaçant (sans le petit côté comique que lui donnaient Jean-Henri Chambois et Dustin Hoffman ) montre une symbolique intéressante sur l'adulte trop centré sur lui-même et les responsabilités empêchant les enfants de conserver une âme d'enfant, l'un en forçant sa fille à grandir, l'autre en tuant des enfants ne voulant pas devenir des adultes.


Et là où le premier accepte que les enfants ne doivent pas grandir trop vite et avoir de l'affection avant que l'âge adulte arrive, l'autre chutera littéralement vers sa mort après avoir failli détruire le monde de l'enfance (la mort de Peter Pan détruisant le Pays Imaginaire) dévoré par le fameux crocodile au réveil; donc littéralement emporté par le temps.


En ce qui concerne la peste de fée Clochette, Ludivine Sagnier la rend à la fois amusante et 'un tout petit peu' attachante


En effet, malgré son mauvais caractère de jalouse pas très appréciable, celle-ci est prête à boire du poison à la place de Peter pour lui sauver la vie et, contrairement à celle de la version Disney, n'indique pas à Crochet le repère de ce dernier par pure jalousie vu que c'est Crochet qui suit Wendy à son insu.


Et l'ambiance du film est juste magnifique. La musique composée par James Newton Howard ayant également travaillé chez Disney en composant la jolie BO de La Planète au Trésor et celle de l'épique King Kong réalisé par Peter Jackson (le réalisateur de la fameuse trilogie Le Seigneur des Anneaux) alterne entre épique, douceur et inquiétude dans ce dangereux monde où l'on fait peu de jolis rêves et beaucoup de cauchemars avec un manichéisme aux abonnés absents (noirceur renforcé par le fait que les scènes se passent majoritairement durant la nuit)


entre Peter Pan et Crochet qui ne sont pas si différents et Wendy prête à accepter un marché avec les pirates une fois qu'elle a compris que le Pays Imaginaire n'est pas le paradis qu'elle s'imaginait.


Mais ce film n'a-t-il que des qualités? Hélas non. Les vingt premières minutes du film sont surchargées de gags trop proches de ceux d'un DA pour les moins de six ans, ce qui ne colle pas avec le reste du ton du film qui a choisi majoritairement de conserver le ton sombre de l'histoire de base.
De plus, les enfants interprétant les Garçons Perdus ne sont pas forcément bons acteurs constamment en sous-jeu et peu convaincants.
En ce concerne les frères de Wendy: si Freddie Poplewell s'en sort à peu près en Michel (appelé Michael dans le film comme dans l'histoire originale), ce qui est à apprécier vu l'enfant est l'un des jeunes du casting, Harry Newell alterne entre le bon et le mauvais rendant Jean (appelé John dans le film comme dans l'histoire originale) tantôt drôle, tantôt drôle...


en particulier durant la scène où Lily La Tigresse (interprétée par Carsen Gray ) lui mets une belle galoche


...tantôt agaçant.


En ce qui concerne Mouche (interprété par Richard Briers ). Bien que donnant le sourire quand il apparaît, il est trop mis en retrait dans ce film; ce qui fait qu'il n'est aussi amusant que le Mouche de Teddy Belis ou celui du regretté Bob Hoskins .


Mais surtout, il y a un gros gâchis dans ce film. En effet, durant une partie du film, on voit Peter tenter de fermer la fenêtre de la maison de Wendy lorsque les parents de cette dernière attendent cette dernière et ses frères en la gardant toujours ouverte. Ce qui le mets en colère et le rend malheureux. Comme s'il y avait une raison précise à ça. Et dans le film, il n'y aucune explication à cette colère. Pour ceux qui ont lu le livre, ceci est très frustrant car la raison du geste et de cette colère auraient très bien eu leur place dans ce film vu le caractère de Peter plus que proche de celui du roman.
En effet, au cours du livre, on apprend que Peter était retourné ses parents car il leur manquait. Mais lorsqu'il est revenu chez ses parents, leur fenêtre était fermée et ils avaient eu un autre bébé.
Ils avaient oublié Peter (chose qui est d'ailleurs expliquée dans Hook ) . Ce qui aurait expliqué une jalousie à l'égard de Wendy qui n'a pas été oubliée par sa famille qui veut continuer à prendre soin d'elle alors que lui a été oublié par ses propres parents. Plus que dommage, c'est vraiment rageant que cet aspect si important de l'oeuvre ait été délaissé


Néanmoins, les défauts sont compensés par les qualités indiscutables de cette pépite qui mérite autant de reconnaissance que Hook et plus de reconnaissance que le Peter Pan de Disney loin d'avoir compris l'ambiance de l'histoire qu'ils ont adaptés.
Voyez-le au moins une fois. Il va sûrement vous plaire.

BlackBoomerang

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