Kaléidoscopes d'émotions, d'images et de sensations que ce film de Richard Lester, décidément bien loin des comédies du côté des Beatles type A Hard Day's Night et des suites de Superman, engagé ici dans une peinture de la fin des années 1960. Il ne sera pas question du Swinging London mais d'une San Francisco qui aura rarement été aussi fragmentée et mélancolique. La présence de l'inconnue (à cette époque-là) Janis Joplin au tout début, en compagnie de Big Brother and The Holding Company, fournit d'entrée un imaginaire étrange, avec d'un côté ces hippies baignant dans leur Acid Rock et de l'autre une foule constituant la haute société américaine. Point de départ d'une relation entre Julie Christie et George C. Scott assez éloignée des conventions.


Avec son montage hautement chaotique, fonctionnant par à-coups et soubresauts, alternant entre flashbacks et flashforwards de manière volontairement brouillonne et confuse, Petulia travaille sa fibre mélodramatique dans un bouillon bien singulier. On n'est pas tant étonné lorsqu'on apprend que la photographie était assurée par Nicolas Roeg...


Un docteur en instance de divorce, Archie Bolen, est accosté par une jeune femme tout juste mariée, Petulia Danner, lors d'un gala de charité. La rencontre est très curieuse, d'autant qu'ils finissent dans une chambre d'hôtel sans pour autant avoir de relation sexuelle. Petulia s'évanouit dans la nuit avant de réapparaître dans un futur incertain, en le sortant de son lit pour lui jouer du tuba. Julie Christie est magnifique dans le rôle-titre (peut-être davantage que dans John McCabe ou encore Loin de la foule déchaînée), avec son caractère affirmé, sa vulnérabilité, piégée dans un mariage moins merveilleux que prévu. Elle pétille au contact du docteur enfermé dans sa vie terne. Le secret sur cette femme est dévoilé de manière extrêmement non-conventionnelle, déroutante, inattendue, au gré d'un puzzle émotionnel. C'est plus par la sensation que par la narration que le principal est véhiculé ici.


Le charme que le film distille n'est pas tout à fait bien identifiable, les personnages sont prisonniers des mêmes perturbations à la fin, mais le bleu foncé des yeux tristes et joyeux de Christie est hypnotisant.


http://www.je-mattarde.com/index.php?post/Petulia-de-Richard-Lester-1968

Créée

le 21 juil. 2021

Critique lue 231 fois

3 j'aime

Morrinson

Écrit par

Critique lue 231 fois

3

D'autres avis sur Petulia

Petulia
Morrinson
7

Fragments de chaos amoureux

Kaléidoscopes d'émotions, d'images et de sensations que ce film de Richard Lester, décidément bien loin des comédies du côté des Beatles type A Hard Day's Night et des suites de Superman, engagé ici...

le 21 juil. 2021

3 j'aime

Petulia
ilaose
9

Formidable puzzle romantique

Quel chouette film de Dick Lester ! Il faut dire que lorsqu'on dispose de Julie Christie et George C. Scott en tête d'affiche, Nicolas Roeg en chef op' et John Barry à la musique, on met toutes les...

le 24 nov. 2018

1 j'aime

Petulia
Fatpooper
5

Des hommes et des femmes

Un petit film sympathique et pessimiste comme il faut un dimanche matin. Le sujet m'a touché : on parle des rapports maladroits entre les êtres humains, la façon dont la communication passe mal la...

le 7 déc. 2014

1 j'aime

Du même critique

Boyhood
Morrinson
5

Boyhood, chronique d'une désillusion

Ceci n'est pas vraiment une critique, mais je n'ai pas trouvé le bouton "Écrire la chronique d'une désillusion" sur SC. Une question me hante depuis que les lumières se sont rallumées. Comment...

le 20 juil. 2014

142 j'aime

54

Birdman
Morrinson
5

Batman, évidemment

"Birdman", le film sur cet acteur en pleine rédemption à Broadway, des années après la gloire du super-héros qu'il incarnait, n'est pas si mal. Il ose, il expérimente, il questionne, pas toujours...

le 10 janv. 2015

138 j'aime

21

Her
Morrinson
9

Her

Her est un film américain réalisé par Spike Jonze, sorti aux États-Unis en 2013 et prévu en France pour le 19 mars 2014. Plutôt que de définir cette œuvre comme une "comédie de science-fiction", je...

le 8 mars 2014

125 j'aime

11