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D.D.L. pourrait trouver là son dernier rôle puisqu’il a récemment annoncé prendre sa retraite.

Celui d'un couturier monomaniaque obsédé par les codes de la haute bourgeoisie pourrait ainsi représenter son chant du cygne, tant il lui apporte, sans jamais amollir la rigidité qui le caractérise, une ambiguïté ahurissante qui s’avère être le véritable moteur de ce long-métrage.

Une véritable rupture dans la filmographie de Paul Thomas Anderson qui s’est jusque-là concentré sur les dérives du rêve américain, sous toutes ses formes, dépeindre la haute société londonienne n’est pourtant pas une parfaite dénégation de l’approche qu’il a toujours su donner aux Etats-Unis et à leurs idéologies autodestructrices. La peinture qu’il donne de ce microcosme, par le prisme d’une entreprise familiale de couture, est ici aussi alimentée par le poids des faux-semblants, et des névroses qu’ils dissimulent. C’est en l’occurrence l’élégance traditionnelle du personnage de Day-Lewis qui devient le pilier du film, à point tel que c’est à elle que la mise en scène va s’accorder.

Tout dans ce film, la direction artistique, qui reconstitue avec minutie cette Angleterre fortunée des années 50, les choix de cadrage et les effets de lumières en font une véritable œuvre picturale.

L’intensité du jeu de regards que s’y échangent leurs interprètes nous rappelle au passage que, au-delà de sa réalisation soignée, Paul Thomas Anderson garde la direction d’acteur comme sa priorité. Une valeur sûre qui, au-delà de son classicisme assumé, fait de Phantom Thread un film remarquable !

Chicago
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le 24 nov. 2025

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