Partant de l’hypothèse de rayonnements stellaires altérant certaines colonies de ces véritables terriennes et doyennes de notre planète, les fourmis, et en particulier celles d’un site en Arizona, celles-ci semblent avoir franchi un seuil redoutable dans leur intelligence. Alliance des espèces, destruction méthodique de leurs gêneurs et prédateurs naturels, parmi lesquels les quelques fermes environnantes, exploitation optimale du soleil, des éléments et de l’environnement, constructions récentes d’étranges monolithes, et reproduction exponentielle sont autant de signes précurseurs d’une expansion clairement revendiquée. Deux chercheurs, issues de l’humanité, espèce toute neuve dans l’histoire de la vie, fragile et ô combien orgueilleuse, installent leur laboratoire sur place pour les étudier et les éduquer.
Dans un conflit expérimental entre une intelligence collective où les individus ne sont que des cellules conscientes constituant un tout, et une espèce fonctionnant dans l’individualité polluée par le sentiment et l’abstraction, on réalise bien vite l’inversion des rôles prévus entre analystes et sujets. Reste à décrypter la finalité ambitionnée par le vainqueur pour le vaincu, s'il souhaite préventivement s'adapter et survivre.
En contradiction avec l’affiche racoleuse annonçant un film d’horreur, ce film est une aventure expérimentale et philosophique montrant ce que pourraient faire les fourmis si elles savaient exploiter à fond leur potentiel, remettant ainsi l’arrogant homo-sapiens à sa place. Le rythme un peu lent d’un film de 1973 (au générique, et non 1974 comme on voit partout) mériterait sans doute un bon remake. Il conserve néanmoins son intelligence en déployant les sujets fondamentaux tels que la mutation, l’adaptation, la conscience et l’ignorance de la collectivité et du monde, l’éternelle guerre de domination des espèces et de la survie.