Chez Dario Argento, il y a toujours une part de mauvais et une part de très bon. La qualité d'ensemble dépend de quelle part prend le dessus sur l'autre (à savoir si le mauvais scénariste qu’est Argento est surpassé par le très bon metteur en scène qu’est ce même Argento ou l’inverse !). Bonne nouvelle, ici, c'est la part de très bon qui gagne à plate couture.


Donc, le mieux, c'est de se débarrasser du mauvais tout de suite. Alors, il y a des dialogues entre les jeunes du pensionnat qui feraient passer par leur insipidité ceux du 11 764e épisode des Feux de l'amour pour du Guitry. Il y a un tueur en série particulièrement féroce qui rôde dans le coin, mais ni la police (oui, un des trucs que j’ai appris après avoir visionné quelques Argento, c’est que la police doit être constamment en RTT tellement elle ne semble absolument rien branler dans les films du réalisateur !), ni le pensionnat de jeunes filles ont l'air de particulièrement s'en inquiéter et d'agir en conséquence. “Oh, il y a un psychopathe pas loin. Ben, je vais sortir quand même le soir, toute seule tranquille, sans la moindre précaution !”...euh… OK...


Bon, le très bon...


La partie fantastique assure à mort lors de la scène des mouches qui s’agglutinent sur l'internat sous le pouvoir de la protagoniste, franchement ça fait son effet (une des meilleures séquences de tout le cinéma du réalisateur sans conteste !). Donald Pleasence, (dans un personnage qui n'est pas sans rappeler celui qu'il a joué dans Halloween !), et le chimpanzé forment un duo intéressant. La maison des horreurs de l'assassin est vraiment horrible. C’est gerbant tellement c'est dégueu. Tout ce qui concerne la traque est véritablement d'une cruauté rarement vue au cinéma. C'est implacable et frénétique. Là, on a affaire au psychopathe des psychopathes. La sensation de danger devient en conséquence très forte et efficace.


Dans cette optique, Dario Argento utilise magistralement le fait que l’action se déroule en Suisse (avec ses paysages bien caractéristiques !). En effet, les cadres naturels, par la variété de leurs couleurs, par leur atmosphère calme, accentuent le contraste entre leur magnificence et les atrocités qui s’y produisent. Rien de plus percutant qu’une histoire d’horreur se déroulant dans un lieu n’ayant pas l’apparence d’un endroit où on pourrait s’imaginer tout de suite qu’elle s’y produise.


Et pour finir, il y a la belle Jennifer Connelly, dont la cinégénie, l'évanescence et le charisme rendent tout à fait crédible le fait qu'elle soit en possession de pouvoirs surnaturels sur les insectes. Tiens, je ne les verrai plus de la même manière ces petits animaux, ici personnages à part entière.


Ce n'est pas le moindre mérite de Phenomena qui est clairement un morceau de choix dans la filmo d'Argento.




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le 4 nov. 2022

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Plume231

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