Phénomènes paranormaux, réalisé par Olatunde Osunsanmi (O.O), est un petit film d’horreur passé relativement inaperçu à sa sortie en 2009, et violemment éreinté par la critique comme par le public.
Le film retrace les consultations d’une psychologue, Abigail Tyler — incarnée par Milla Jovovich (célèbre pour la saga Resident Evil) — menées au début des années 2000 à Nome, une petite ville isolée d’Alaska.
Au fil de ces séances, les patients évoquent une chouette qui les observe chaque nuit : une présence inquiétante qui laisse peu à peu entrevoir une menace plus terrifiante encore.
C’est le point de départ du film, et nous nous garderons bien d’en révéler davantage.
Car c’est là que réside une partie du malentendu. Si Phénomènes paranormaux a été aussi mal reçu, c’est sans doute en raison de deux problèmes fondamentaux.
D’abord, le film a été fusillé par sa campagne promotionnelle : bandes-annonces et teasers dévoilaient sans scrupule le cœur du mystère, là où tout l’intérêt résidait justement dans le fait d’en savoir le moins possible avant la projection.
Ensuite, le film revendique s’inspirer d’un fait réel — une affirmation qui, disons-le, a tout d une escroquerie.
Le long métrage s’ouvre sur Milla Jovovich face caméra, expliquant que les événements relatés sont inspirés de faits authentiques. À plusieurs reprises, Osunsanmi entremêle deux régimes d’images : celui de la fiction et celui qui se donnerait comme le réel. Ce dernier montre les prétendues « vraies » consultations d’Abigail Tyler en octobre 2000, ainsi qu’une séquence de « prise d’otage » filmée depuis un véhicule de police.
Et c’est là que le spectateur peut légitimement se sentir dupé : on découvre à la fin que les protagonistes de l’histoire n’ont jamais participé à la conception du film, et que ces images dites « réelles » ne sont que de pures inventions, interprétées par des acteurs — leur véracité ayant d’ailleurs été démontée par la presse.
Par souci d’honnêteté, on dira donc que le film combine des images de fiction et un faux réel.
On pourrait s’arrêter là, conclure qu’Osunsanmi nous a roulés dans la farine, et ranger Phénomènes paranormaux au rayon des manipulations pour adolescents crédules. Mais la vérité est ailleurs.
Car même si les images sont fausses, leur superposition produit un simulacre de réalité si convaincant qu’il nous fait croire à l’authenticité de ce que nous voyons.
On se surprend alors à scruter chaque plan, à guetter l’indice d’une présence surnaturelle ; nos sens demeurent en éveil.
Les séquences de consultations sont, à ce titre, proprement terrifiantes : O.O met en scène les récits des patients, alternant entre leurs paroles et ce qu’ils disent avoir vécu, tout en choisissant de suggérer plutôt que de montrer l’horreur.
Le travail sur le son participe pleinement à cet état d’effroi — en témoigne cette séquence glaçante où la psychologue remet à sa secrétaire un enregistrement de consultation pour transcription : ce qu’on y entend nous glace littéralement le sang.
Et c’est là, sans doute, le tour de force du film : nous faire croire que ce que l’on voit pourrait, ou a pu, véritablement survenir.