Réalisateur indépendant encore très méconnu, David Aboucaya signe avec Piège de guerre son septième long-métrage. Malgré un manque de moyens flagrant et une sortie directe en vidéo, ce film qui oscille entre le huis-clos et le Survival s'avère être bien plus original qu'attendu et a droit à une jolie édition Blu-Ray chez Rimini Editions


Loin des grandes maisons de production ou des festivals de renom, David Aboucaya a mine de rien su mener sa barque, enchaînant depuis 2007 et son premier long-métrage, La Croisée des chemins, les films avec une prédilection pour la période de la Seconde Guerre Mondiale. Ainsi après Enfer 44 en 2013 et Winter War en 2017, il revient au genre avec le surprenant Piège de guerre, tourné en pleine période de Covid. Véritable artisan « underground » et touche à tout du cinéma (il assure à la fois la production, la réalisation, le montage, la photographie, la musique...jusqu'aux maquillages !), David Acoubaya dut renoncer à certains projets plus tournés vers l'épouvante à cause du contexte sanitaire. Dont acte, il fit alors un film de guerre reprenant nombre de codes des films à suspense et angoisse. A commencer par une entame assez remarquable où il place le malheureux Laurent Guiot, déjà présent dans Winter War, sous terre, enterré vivant après une explosion. Une mise en abyme toutefois pas si nouvelle si on songe à l'extraordinaire Underground de Kusturica et surtout à Buried de Rodrigo Cortes qui voyait un soldat américain perdu six pieds sous terre en Irak.


La victoire en rampant

Et dans le domaine du film d'épouvante difficile de passer sous silence les contributions de Frayeurs de Fulci ou de l'excellent L'homme qui voulait savoir de George Sluizer, qui nous donnèrent de magnifiques séquences anxiogènes souterraines. Le spectateur se voit ainsi durant toute la première partie enfermée dans une sorte de tunnel, où manque de lumière et d'air, chute de pierre et de terre mettront à rude épreuve nos nerfs à l'instar du personnage principal, livré à lui-même. Il convient d'ailleurs de signaler l'honorable composition de Guiot, plutôt habitué aux seconds rôles et qui ici se voit porter le film sur ses épaules, puis plus tard un camarade blessé joué par Pascal Putet, homme de théâtre également entrevu dans un épisode de... Plus belle la vie !

Notre soldat finira par sortir de ce trou à rat en entreprenant la technique de... la taupe qui creuse son tunnel de ses propres pattes en rampant ! Toutefois la suite du film se montre moins ambitieuse et nous place plutôt dans le domaine du Survival cher aux films de guerre. Les combats armés restent simples et peu spectaculaires, et les figurants ne sont pas toujours à la hauteur malgré quelques combats à mains nue où la violence se révèle sèche et brutale.


Sans révolutionner le genre, Piège de guerre ne démérite pas pour autant et se démarque grâce à une ouverture surprenante et une conclusion délaissant le Happy-end. On pourra regretter l'absence de contextualisation de l'action et un montage qui aurait pu être plus resserré pour gagner en efficacité. En tout cas, pour une production indépendante et quasi-familiale (le fils du réalisateur joue un soldat allemand, les autres acteurs ont déjà figuré dans d'autres films de Aboucaya), on ne peut que saluer la passion investie et le professionnalisme affiché.


Retrouvez l'évaluation de la partie technique du Blu-Ray sorti chez Rimini Editions par ici : http://www.regard-critique.fr/rdvd/critique.php?ID=7004

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le 9 déc. 2022

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