Application SensCritique : Une semaine après sa sortie, on fait le point ici.

Aujourd'hui Jean-Paul Belmondo est mort, et avec toute la tristesse que cette annonce m'a procuré, j'ai ressenti le besoin de revoir ce film.


Pourquoi celui-ci je ne sais pas, peut-être parce que j'ai un peu trop vu A bout de souffle récemment, ou que L'homme de Rio, malgré toutes ses qualités, ne me paraissait pas à la hauteur. Peut-être aussi parce que comme le dit Fritz Lang dans Le mépris, revu hier, le scope n'est pas fait pour les hommes mais pour les dieux, catégorie dans laquelle le grand Jean-Paul peut s'inscrire aujourd'hui, dans ceux du cinéma tout du moins.


Pendant longtemps j'ai pensé préférer A bout de souffle à Pierrot le fou car je considérais ce dernier comme trop arrogant, comment ais-je pu penser une chose pareille. Pierrot le fou conjugue tout ce qu'est le cinéma, dans une pureté totale, c'est la nouvelle vague qui part à l'aventure, glorifiant la culture tout en la disant futile, de même que le genre, tout en lui échappant constamment.


Du polar à la comédie musicale, de l'espionnage au film sentimental, du divertissement accrocheur à l'expérimentation la plus folle, Jean-Paul Belmondo, Anna Karina et Jean-Luc Godard se baladent, liberté comme bannière et caméra comme arme, parvenant miraculeusement à une rigueur formelle grâce à un rythme de lecture de poésie, ou d'accident miraculeux.


En cela il serait injuste de minimiser le travail de Françoise Collin au montage, ainsi que d'Antoine Bonfanti et René Levert au son tellement le rythme qu'ils y apportent est miraculeux, onirique autant que fataliste.


Pour ajouter à cela, et en plus d'une photographie de Raoul Coutard tout bonnement sublime, le film nous offre une galerie de second rôles, voir de presque figurants, tout simplement parfaite, qu'il s'agisse d'un László Kovács tout jeune, de Samuel Fuller ou de Raymond Devos, chacun s'inscrit dans une parenthèse ajoutant à l'ensemble plutôt que l'alourdissant comme on pourrait s'y attendre de la part d'un film plaçant autant de grands noms.


Bref, peut-être est-ce là l'une des plus belles manières de dire adieu à notre Belmondo adoré, avec une sortie pleine de panache, pour accepter cette triste fatalité.

Créée

le 7 sept. 2021

Critique lue 326 fois

ZayeBandini

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