On peut le dire ce film n'a pas connu le meilleur des démarrages. Il a même eu les pires conditions possibles.Il est sorti en 1940, à ce moment-là l'Europe est déjà entré en guerre privant une partie du public potentiel, de plus les gens avaient d'autres choses à penser qu'aller au cinéma comme au hasard : survivre. De plus ce film est fait pour un public Italien de par l'adaptation d'un de leur plus célèbre conte, manque de chance à ce Moment Mussolini interdisait tout ce qui provenait des Etats-Unis. Au pays de l'Oncle Sam, non plus les conditions n'étaient pas réunies, on est à seulement un an de l'entrée en guerre, les américains était donc déjà dans une situation de stress et d'angoisse pour l'avenir. Ce n'est donc que des décennies après qu'il aura vraiment connu son succès.
Cependant nous ne sommes pas ici pour parler de ces conditions désastreuses de diffusion mais de son contenu. Le moins que l'on puisse dire c'est que c'est franchement dommage que ce film n'ait pas été plus découvert à sa sortie car il vaut le coup d'œil. Nous avons une histoire très bien rythmée avec des sections cadrées et définis mais qui s'enchaine bien à l'instar d'un spectacle de marionnette, pour rester dans le thème. Chaque section possède son personnage antagoniste, qui représente une épreuve et un vice à surmonter pour Pinocchio introduit par Gidéon et Grand Coquin. On regrettera par ailleurs que ce ne soit pas eux qui indiquent l'emplacement de Gepetto et de Monstro, qui aurait été beaucoup plus crédible qu'une énième intervention de la Fée Bleue qui avait dit ne plus les aider. On l'a dit ces différentes sections représentent les différentes étapes que devra affronter notre héros pour devenir un vrai petit garçon et lui montrer les conséquences, s'ils n'empruntent pas le bon chemin. Ce chemin qui devrait être indiqué par sa conscience qui ne fait absolument pas son travail. Il va falloir qu'on en parle de cette fraude, il reçoit une récompense à la fin en tant que conscience alors que son protégé est tombé dans tous les pièges et pire, il l'abandonne volontairement plus d'une fois. Ces messages de morale et de valeurs sont encore très instructifs pour les enfants aujourd'hui. Néanmoins la façon de les transmettre à très mal vieilli. On passera sur les habituelles scènes de traumatisme propre aux vieux Disney (mais pas que) avec la transformation en âne des enfants avant d'être vendu en esclave. C'est vrai que c'est pas assez traumatisant on va en mettre un qui peut encore parler pour achever les spectateurs. Il est clair qu'aujourd'hui ce film ne pourrait plus sortir, nous avons l'utilisation de tabac par des adultes mais aussi des enfants pareil pour l'alcool, une vision assez daté des indiens, l'utilisation d'arme à feu et d'un fouet, un poisson nymphomane et des allusions plus que douteuse à de nombreux moments notamment vis-à-vis des représentation féminine. On aura beau répéter que c'était d'autres mœurs à l'époque, je doute que tout soit bien passé même pour les années 40.
Pour finir j'aimerais parler du reste de l'enrobage. C'est-à-dire tous les plus qui transforme ce film sympathique en un très bon film. On va parler dans un premier temps du visuel, qu'est ce que ce film est beau, il fourmille de détails, les animations sont fluides, les plans larges ne sonnent pas vide et ont toujours cette impression de peinture. L'atelier de Gepetto est un caviar visuel avec toutes ces créations. Nous n'avons que peu de vrai chanson, j'exclus les bribes de texte chanté, mais elles font toutes le café notamment la première qui excusez moi du peu deviendra l'hymne de Disney, rien que ça. La chanson pour Stromboli se paye le luxe d'être une masterclass en Français, en Anglais mais surtout en Italien
En bref, nous avons ici un très bon film d'initiation apprenant aux enfants des morales positives et utiles sur un fonds divertissant, très bien rythmé et agréable visuellement. Il est juste dommage que de nombreux petits détails viennent ternir cette image et lui donner un aspect un peu daté.