Quand l'annonce a été faite en décembre 2001 que Jerry Bruckheimer allait produire pour le compte de Disney un film basé sur l'attraction Pirates of the Caribbean présente dans le parc de Walt Disney Parks and Resorts, les futurs spectateurs ont trouvés le projet est assez culotté.

Pourtant ce n’est pas c'est la première fois qu'un film s'inspire d'un divertissement de parc. Il y a eu le téléfilm Tower of Terror en 1997 et The Country Bears en 2002 (disponible en France à partir de l’arrivée de Disney +). À partir de quelques tableaux proposés aux visiteurs des parcs, il a fallu tout inventer : les personnages et les intrigues, et aussi ressusciter un univers alors en cale sèche car les pirates n'intéressant plus personne au cinéma.

Le producteur Jerry Bruckheimer choisi le réalisateur Gore Verbinski parce qu'il a l’habitude de valoriser son humour et son grand sens de la narration dans sa mise en scène. Il est aussi familier des effets visuels. Quelle que soit la contrainte technique, il ne perd jamais son histoire de vue.

Gore Verbinski a déjà travaillé pour Disney dans le passé. En 1999, il débute les prises de vues de Mission to Mars, mais le tournage s'enlise et les premiers résultats sont peu concluants. Il est alors débarqué du projet par Touchstone Pictures (filiale de Walt Disney Pictures), et Brian De Palma reprend le flambeau après lui. Une expérience peu concluante.

En 2001, il va réaliser The Mexican et l’année d’après, il parvient à livrer un projet de commande, le remake The Ring avec un jolie succès commercial et critique. Il lance alors la mode des remakes américains de films d'horreur asiatiques. Les deux films sont produits par le studio DreamWorks SKG, studio qui avait déjà produit son premier long-métrage : Mouse Hunt

Gore Verbinski accepte l’offre de Jerry Bruckheimer et se laisse une chance de retravailler avec Disney. Le réalisateur est intéressé par la possibilité de faire un film à l'ancienne, tout en y injectant des éléments issus du fantastique. Il dira :

La piraterie est un monde de liberté, de grands espaces et de mystères. Les sentiments y sont exacerbés, rebelles. Les pirates sont apparus à une époque d'oppression, où l'on pouvait être pendu pour le vol d'un simple morceau de pain. Dans ces conditions, qu'avaient-ils à perdre ? Pour moi, ce film parle de hors-la-loi qui ont un code d'honneur, d'hommes libres qui n'obéissent qu'à leur conscience et à aucun autre pouvoir. Aucun des personnages n'a voulu devenir pirate, la vie a fait d'eux ce qu'ils sont. Pour mener leur existence et obtenir ce qu'ils veulent, ils ont choisi un autre chemin.

Pirates of the Caribbean : The Curse of the Black Pearl sort en 2003 la même année que The Haunted Mansion, lui aussi une adaptation d’une attraction du parc de Disney.

Le budget conséquent est visible dans chaque cadre, chaque plan, tant les décors et les effets spéciaux sont magnifiques. De la même manière, le film parvient parfois à atteindre le niveau de qualité exigé et livre alors de jolis morceaux de bravoure, notamment avec le combat final, exploitant intelligemment le concept des pirates morts-vivants.

Les effets spéciaux sont très réussis, ceux qui voient les pirates se transformer en effrayants squelettes à la lumière de la lune, ont été signés par ILM (Industrial Light and Magic), la société de Georges Lucas désormais reconnue internationalement dans le domaine. Les nombreux passages de la pénombre au clair de lune, entraînant des transformations en squelettes, même partielles, et donnant à certaines joutes à l'épée, situées dans des grottes, où comme par hasard pullulent les puits de lumière, une certaine frénésie. Le chorégraphies sont également à voir, notamment l'affrontement en équilibre sur une charrette, ou l'assaut final.

Les décors, notamment celui de Port Royal, écrin exotique mal famé des Caraïbes, paraît plus vrai que vrai, et séduit juste ce qu’il faut pour occulter une réalité historique moins glamour. Ces flibustiers-là ont été pensés comme des rock-stars, dans leurs habits rapiécés et leurs coques de noix mangées. Et le fait est qu’ils ont sacrément la classe, aussi déchus et décatis soient-ils, jusque dans les bouges de Tortuga. Propulsés d’emblée dans l’action, déjà amoureux de l’océan, on se laisse happer très vite par la malédiction qui frappe le Black Pearl, ce mythique bâtiment noir sillonnant les mers tel un navire fantôme, personnage à part entière du film.

L’entrée en scène de Johnny Depp en pirate déchu, seul maître à bord d’une pauvre embarcation qui prend l’eau est devenue culte. L’acteur se voit donner carte blanche pour construire ce personnage complexe et insaisissable. Afin de créer le personnage excentrique de Jack Sparrow, l’acteur va s’inspirer de Keith Richards, le guitariste des Rolling Stones et du personnage animé Pépé le Putois. Grâce à son rôle de Jack Sparrow, Johnny Depp relance sa carrière, devient un acteur bankable, le faisant connaître auprès d'un jeune public, et lui valant même sa première nomination à l'Oscar du meilleur acteur.

Si le cabotinage de Johnny Depp peut agacer, on peut se retrouver chez ses ennemis. Peu enclin à livrer de tièdes performances, Geoffrey Rush apporte un joli ton dramatique au sempiternel rôle de Capitaine pirate sanguinaire.

Idem pour Jack Davenport, fier James Norrington représentant de la royauté et chasseur de pirate qui apportera une bonne dose d’humour grâce à ses affrontements physiques et verbale face aux pirates.

Dommage alors que Orlando Bloom et Keira Knightley ne puissent pas prétendre à une telle folie ou à une telle ampleur avec, certes, des personnages moins hauts en couleurs, mais révélant leurs véritables personnalités au fil du récit.

On ne peut pas parler du film sans parler de ses thèmes musicaux devenu culte à présent. Les thèmes principaux sont composés par Hans Zimmer qui avait déjà travaillé avec Gore Verbinski sur The Ring. Il faut tout de même noter que le thème principal, celui que tout le monde connaît, a déjà été entendu dans The Lion King II : Simba's Pride où Hans Zimmer a composé quelques chansons. Le reste de la bande-son sera le travail de Klaus Badelf, un élève de Hans Zimmer.

Succès critique et public, Pirates of the Caribbean : The Curse of the Black Pearl est, de fait, un excellent divertissement qui n’a pas volé sa réputation. Gore Verbinski parvient à relancer le film de pirates (après avoir relance les remakes américains de film d’horreurs asiatiques), un genre quelque peu tombé en désuétude, en lui ajoutant une bonne dose d’humour, mais aussi de fantastique.

StevenBen
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le 19 juil. 2023

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Steven Benard

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