Bien avant l’Ultra Panavision 70 et l’IMAX : le Cinérama et son procédé révolutionnaire.

Le 30 septembre 1952, au Broadway Theatre à New York, les spectateurs assistent à une première mondiale, celle d’un tout nouveau procédé de projection révolutionnaire, à savoir le “Cinerama” (la contraction de “cinéma” et “panorama”).


En quoi cela consiste ? Il s’agit de projeter 3 films simultanés en une seule image, sur un écran incurvé de 15m par 7m, à l’aide de 3 projecteurs, chacun diffusant un tiers du film (celui de gauche couvre le tiers droit, celui du centre projette en face et celui de droite couvre le tiers gauche). D’ailleurs, il est amusant de constater que, 25 ans plus tôt, Abel Gance avait déjà testé la projection sur 3 axes avec son film Napoléon (1927), via un procédé qu’il avait lui-même conçu et appelé “Polyvision”.


Revenons-en au Cinerama, avant d’envisager la moindre projection, il aura fallu au préalable, utiliser une caméra bien spécifique afin de pouvoir projeter de cette façon. La caméra du Cinérama reproduit une image agrandie de 146° de large par 55° de haut, grâce à l’utilisation de 3 objectifs d’une focale de 27mm (!), à peine plus grande que l’oeil humain.


Mais le Cinerama ne se limite pas seulement à sa projection sur un écran incurvé, c’est aussi un son bien spécifique, avec l’utilisation, là aussi, d’un tout nouveau système sonore, à savoir le son stéréophonique. Voilà en quoi consiste une projection en Cinerama, un procédé complexe que toutes les salles ne pouvaient pas mettre en place (pour des raisons techniques et financières), d’ailleurs à l’époque, à Paris, les rares cinémas à pouvoir se l’offrir se comptaient sur les doigts d’une seule main.


This is Cinerama (1952) est donc un documentaire qui n’a qu’un seul but, faire la promotion du Cinerama auprès du grand public (au même titre qu’un documentaire aurait pu sortir dans les années 70 pour promouvoir l’IMAX). Le film n’est rien d’autre qu’une succession d’images captées aux quatre coins du globe et qui ne servent qu’à vanter les mérites du Cinerama. On a droit, par exemple, à des plans filmés depuis une montagne russe, des séquences aériennes (de Manhattan, Chicago, Washington ou encore du Mont Rushmore). Le Cinerama, avec son écran incurvé, permet de retranscrire avec beaucoup de netteté, une très grande profondeur de champ et un panorama incroyable.


C’est ainsi que pendant près de 2h, le film nous embarque dans un tour du monde, enchaînant de courtes séquences (certaines plus ou moins longues, parfois répétitives) à travers l’Europe (la Place Saint-Marc à Venise, l'opéra La Scala à Milan en Italie, l'arène de Saragosse en Espagne, Les Petits Chanteurs de Vienne, ainsi qu’un défilé militaire à Édimbourg en Écosse) et le voyage continu de plus belle, jusqu'aux chutes du Niagara, dans une mine à ciel ouvert dans l'Utah ou encore, au Cypress Gardens en Floride.


Ce documentaire est superbement retranscrit grâce à une simulation d’écran courbé rendu possible avec le procédé appelé "SmileBox" qui corrige tout effet de distorsion et conserve un effet de 146° (alors bien évidemment, il aurait été préférable de découvrir ce film sur un véritable écran Cinerama, mais cette restauration est une vraie réussite). Enfin, concernant le film en lui-même, une fois que l’on a découvert le procédé et passé l’effet de surprise, c’est un peu la douche froide. Les scènes se suivent et se ressemblent, ce road-trip autour du monde n’apporte peu, voire pas grand chose, hormis de découvrir ce film dans son contexte, à savoir au début des années 50, bien avant l’arrivée de l’Ultra Panavision 70 ou de l’IMAX. C’est sympa, mais bien trop long et finalement, sans réel intérêt en dehors de découvrir un procédé méconnu du grand public.


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le 13 mars 2025

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