Il y a de ces soirs où vous ne savez pas quel film aller voir. Les dernières sorties vous inspirent peu et vous avez déjà vu ce qui vous intéressait. Vous prenez alors une décision audacieuse, vous choisissez un film au hasard ! Vous entrez dans la salle, découvrez le nom du réalisateur, découvrez que Max Boublil tient le rôle principal, un visionnage digne d’une cinéxpérience Sens Critique en somme.


Bref, il y a de ces films où vous vous montrez ouvert à toute proposition cinématographique, même si c’est du déjà-vu. J’ai vu Play, j’ai adoré, j’en suis ressorti complètement heureux. J’y repensais encore et encore, mais j’avais peur d’avoir été trop indulgent. Combien de fois j’ai hurlé à mes amis d’aller voir telle pépite sur laquelle j’étais tombé, et qu’ils en sont ressortis complètement indifférents (Ne Coupez Pas en a fait les frais l’année dernière, je l’ai trop survendu). Sur ce coup, je me la suis jouée discret. J’ai émis l’hypothèse d’aller voir Play entre potes, j’ai avoué l’avoir déjà vu et avoir franchement apprécié, et nous y sommes allés. Nous étions deux au final, c’était l’occasion pour mon pote de découvrir le film, et pour moi de prendre du recul dessus.


Et le constat est le même, Play est une petite pépite, du diamant pur, une comédie aussi hilarante que touchante. Un énième film à concept, mais qui ici, l’use à merveille et permet non seulement de réfléchir sur l’omniprésence de l’image dans notre génération, mais également d’offrir un reflet authentique de la génération des années 90. Play est une sorte de Boyhood en found-footage où le caméraman est le héros de sa propre histoire, histoire qui sera sa vie. Caché derrière sa caméra, il filme ses délires entre potes, ses histoires d’amour entre adolescents, ses questionnements et ses craintes de l’âge adulte, ses déboires pour trouver un job stable, l’arrivée d’un enfant.


Play, je l’avoue, c’est une tranche de vie comme on en voit beaucoup. Mais Play vise tellement juste dans son propos, touche tellement avec sa sincérité et son besoin d’authenticité qu’il m’a fait croire lors de mon premier visionnage que Max Boublil avait véritablement filmé sa jeunesse, son adolescence et son passage à l’âge adulte. Lorsque le film se pose dans les années 90, on a véritablement l’impression d’être dans les années 90 avec une qualité d’image de l’époque, l’ambiance de l’époque, on y croit. De ce fait, le film est comme une invitation, on revit la victoire de la France en 1998, on revit le passage à l’an 2000 et les craintes de la fin du monde (décrite avec dérision ici). On est comme ce cher Max, caché derrière sa caméra et qui filme le monde qui l’entoure. Alors certes, ces événements, je ne les ai pas vécus, je suis né en 1999, mais mine de rien, le voyage temporel était plus qu’exquis.


Et puis il y a l’humour. Impossible de ne pas se sentir chez soi tellement on a l’impression d’être membre de cette bande de potes. Là encore, ça joue beaucoup sur la caméra intégrée à la diégèse du film, les acteurs n’hésitant pas à faire des regards caméras comme s’ils nous regardaient nous, spectateurs. Le film joue également beaucoup sur des expériences personnelles. Le scénario est en grande partie écrit par Max Boublil, donc non seulement, il intègre son humour à l’histoire, mais il imprègne l’œuvre d’une personnalité extrêmement touchante. On sent à travers son histoire qu’il raconte une partie de sa vie, qu’il se révèle. Et j’appréciais déjà pas mal Max Boublil (ses chansons me font beaucoup rire), mais ici, j’en suis tombé amoureux. Boublil a un charme, a un sourire, a un humour qui lui est propre et une présence à l’écran qui lui est propre (paradoxal car il est derrière la caméra trois quart du film). Dès qu’il est à l’écran, Boublil le crève avec la justesse de son jeu d’acteur et sa sincérité. Les autres acteurs ne sont pas en reste, non seulement, ses deux plus jeunes homologues sont ses sosies parfaits (jusqu’à la voix et les mimiques), mais ils sont également remarquables. Quant à Alice Isaaz, elle brille de par sa spontanéité éblouissante.


Et j’en viens enfin à l’humour qui est tout bonnement remarquable. Que ce soit au premier ou au second visionnage, j’étais plié en deux tout du long. Toutes les blagues sont percutantes et sont fonctionnent. On rit des blagues entre potes, on rit des déboires parfois ridicules de Max, on rit juste parce que nos personnages sont heureux et rigolent entre eux, on rit tout du long. Et pourtant, ce n’est pas parce que c’est une comédie que le film délaisse de purs moments d’émotion. Le film maîtrise constamment l’équilibre entre humour et moments durs, comme lorsque Mathias, l’un des amis de Max fait une crise. On part ensuite dans une mini-séquence à la limite du poignant pour finalement faire retomber la tension avec un des gags les plus hilarants du film (la scène du McDo pour ceux qui l’ont vu). Tout comme la « scène finale » sachant parfaitement nous faire rire mais aussi nous faire tirer la larme tant tout marche, la musique, les enjeux, le montage, la voix de Max Boublil et d’Alice Isaaz, tout !


Donc voilà, que veux le peuple ? C’est une comédie hilarante qui m’a donné un fou rire au point que des spectateurs se sont tournés vers moi. Les moments d’émotions sont toujours parfaitement menés et sont comme des coups de poings lorsqu’ils arrivent entre deux scènes d’humour. Les acteurs sont tous sensationnels, totalement investis et on croit en leurs personnages. Les choix de musiques sont toujours cohérents et permettent de contextualiser le film. Le propos est d’une justesse sidérante et on sent à quel point c’était un projet important pour Boublil et le réalisateur Anthony Marciano. Et malgré son classicisme dans son histoire, Play est un film qui touche, qui vise juste et qui fonctionne à merveille. Play est un beau film, une belle comédie, un beau projet merveilleusement bien mené et une fois ressorti, on ne désir qu’une chose, y retourner tellement on s’y sent bien. Et des films comme ça, il y en a trop peu, alors permettez-moi de chérir Play car il le mérite.

James-Betaman
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le 22 janv. 2020

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James-Betaman

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