Plein Ouest par LéaSchwitzloki

Vacances à la mer ! Un zodiac fend l’eau et sa jeune passagère jette l’ancre … Mais où ce film scintillant d’azur va-t-il nous larguer ? Espérons simplement que l’on ne plongera pas la tête la première vers un énième récit initiatique entre amoureux pré-adolescents.

Chouette, cette fois, c’est plutôt de perversion dont il est question. Et sur ce sujet, tout le monde est dans le même bateau.

Il y a d’abord le livre que son père lit à Mathilde, notre jeune et jolie héroïne de neuf ans. Les yeux dans les yeux des policiers, une femme criminelle y accuse un innocent du meurtre de son mari. “C’est une énorme connasse !”, commente le père.

L’expression se retrouvera en un tour de main dans la bouche de Mathilde pour désigner Laurenne, la plus grande du groupe des copains de vacances. Du haut sa petite poignée d’années en plus, la pimbêche dédaigne les plus petits et déchiquète à violents coups de pelle la méduse échouée sur le sable avec laquelle ils jouent.

Ensuite il y a Mathilde et Simon qui, enfermés dans le garage devenu pour l’occasion un laboratoire de torture, font subir à la méduse encore vivante les sévices les plus cruels et la plongent dans l’acide. Une fois leur jeu du docteur terminé, ils jettent la carcasse démembrée quelque part dans la nature.

“-Tu penses pas qu’elle doit avoir un peu mal, là ?

- Mais on s’en fout, c’est marrant.”

Les enfants naissent et demeurent cruels. Voilà une morale à aller rhabiller Rousseau pour l’hiver. Mais la chance qu’ils ont, les monstres, c’est de ne pas en être conscients. Lorsque son père lui explique qu’en grandissant, les garçons pourront parfois lui vouloir du mal, Mathilde perd son regard innocent sur Simon et commence à s’en méfier. Camarade de jeu jusque-là inoffensif, le garçon devient dangereux à ses yeux. Et la voilà, déjà nostalgique, devoir abandonner sa naïveté.

Ce récit du basculement de l’enfance à l’adolescence est aussi celui du corps de Mathilde. Un corps encore maladroit, engagé dans une difficile mutation, qui tantôt se dévoile et soudain se dérobe. Laurenne, à l'inverse, a bien compris le potentiel désirable de son propre corps et elle compte en faire la démonstration de sa féminité fraîchement acquise.

Finalement, cette première incursion dans le monde de l’adolescence est joyeusement balayée. Et les deux jeunes amis, rabibochés, auront encore un peu de répit avant de quitter leurs candides costumes d’enfants.