Pleine lune
5.9
Pleine lune

Film de Eric Red (1996)

Les loups garous… Les plus jeunes ont sans doute comme référence la saga Underworld. Les plus vieux comme moi Hurlements et autres Loup-Garou de Londres. Le loup-garou fait partie de ces figures du cinéma horrifique qui, même si elles n’ont pas autant « percé » que les zombies, reviennent sur le devant de la scène à intervalles réguliers. Mais il est vrai que dans les années 90, les films du genre ne sont pas ce qu’on pourrait considérer de plus marquant. Alors oui, il y a Wolf (1994) avec Jack Nicholson, quoi qu’il y aurait à redire là-dessus, mais après, on est dans le film bas de gamme, voire le navet de seconde zone. Citons par exemple Hurlements 6 (1991) et 7 (1995), le nanardesque Le Loup-Garou de Paris (1997), le téléfilm avec Mario Van Peebles (tout est dit) Full Eclipse (1993) ou l’immonde purge Werewolf (1996). Et au milieu de tout ça, il y en a un qui sort du lot : Bad Moon (1996), Pleine Lune par chez nous, qui malgré son gros échec au box-office, fait pourtant partie des plus beaux fleurons du genre. Loin d’être parfait, mais bien fichu, il propose une relecture intéressante et intelligente du mythe du loup-garou.


Adapté de la nouvelle « Thor » de Wayne Smith, Bad Moon est l’œuvre de Eric Red, scénariste de Hitcher, Blue Steel ou encore Aux Frontières de l’Aube, réalisateur de Body Parts ou, plus près de nous, 100 Feet. Aux manettes des effets spéciaux, Steve Johnson, qui a déjà bossé sur Ghostbusters (le slime vert, c’est lui !), Innocent Blood, La Mutante, Blade 2 ou encore Spider-Man 2. Au casting, Michael Paré (Les Rues de Feu, Philadelphia Experiment, Moon 44) et Mariel Hemingway (Manhattan, Superman 4, Meurtre à Hollywood), deux stars des années 80 dont la carrière a vite sombré mais qui font le job sans souci. Un budget certes d’à peine 7M$US mais qui est suffisant pour ce genre de production si elle ne tente pas de faire dans le sensationnel. Sur le papier, il n’y a pas vraiment de raison de croire que le film va se casser la gueule, et pourtant il fait un four complet au box-office (à peine 1M$US de recettes), recevant énormément de critiques négatives de la part de la presse, mettant par la même occasion la carrière du réalisateur entre parenthèses durant 12 ans. J’avoue, je ne comprends pas cet acharnement à l’époque. Peut-être le que le public s’attendait à un film d’horreur bien plus horrifique ? Peut-être. Car ici nous sommes plus à la croisée du film d’horreur et du drame, avec un scénario qui ne privilégie pas l’action et préfère s’attarder sur l’affrontement, d’abord psychologique puis physique, entre un loup-garou et un chien qui sent immédiatement la menace pour ses maitres.
Ce chien d’ailleurs, un bien beau spécimen de berger allemand, est sans doute le personnage le plus important du film. Le travail de dressage est tout bonnement hallucinant pour un chien jouant à la perfection. Le moindre mouvement d’oreille, le moindre regard, et on comprend en une fraction de seconde ce qui se passe dans la tête du canidé. Hormis l’introduction et le final, qui privilégient l’action et les effets spéciaux (on y reviendra), toute l’histoire s’articule autour de ce chien, seul protagoniste à ne jamais être dupe et qui se donnera corps et âme pour protéger sa famille, fournissant par ailleurs les scènes les plus chargées en émotions.


La mise en scène de Bad Moon est carrée. Les cadrages sont beaux, la photographie également, et la musique s’accorde parfaitement aux images. L’ensemble n’est pas ce qu’il y a de plus inspiré, avec un côté très minimaliste et épuré, mais l’ensemble tient très bien la route. Eric Red arrive très vite à retenir notre attention avec pourtant, au final, du grand classique pour un film de loup-garou, si ce n’est qu’il s’amuse à en démonter les clichés (pleine lune, balles en argent, …). Les scènes d’attaques, surtout présentes au début et à la fin du film, sont réussies. Des déchainements de violences, secs, gores mais pas à outrance, qui ne s’attardent pas, pour encore plus d’impact. Et un final réussi qui, pour une fois, nous montre un loup-garou en plein cadre, là où d’autres préfèrent ne pas les filmer en entier, souvent à cause de costumes qui font peine à voir. La créature est plutôt crédible, déguisement + tête en animatronic, avec un look à l’ancienne que les plus jeunes trouveront sans doute un peu cheap (quoi qu’on a vu bien pire), mais qui a de la gueule. De manière générale, ce sont tous les effets spéciaux de Steve Johnson qui fonctionnent à fond, excepté cet effet de morphing dégueulasse dans la dernière partie qui, en plus, était clairement dispensable. Autre petit point noir à signaler, le dénouement du film qui déçoit un peu, avec tous ces bons sentiments qu’on nous envoie au visage, et qui donne un peu cette impression que le film rate la dernière marche. Mais c’est vraiment du chipotage car Bad Moon est une bobine à voir si vous aimez un tant soit peu le mythe du loup-garou.


Original dans son traitement, prenant de bout en bout, Bad Moon est un très bon film de loup-garou injustement boudé lors de sa sortie. A voir !


Critique originale : ICI

cherycok
7
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le 5 févr. 2019

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